Après avoir eu le malheur de "goûter", un peu par hasard, à la course à pied en 2008, je me suis découvert une passion pour ce sport qu'est le trail.
Un sport d'addiction, où chacun peut y trouver du plaisir, une motivation, des défis à relever.
Un sport qui permet de découvrir de nouvelles contrées, des paysages, des ambiances uniques, des personnages.
Un sport de partage, où les derniers côtoient les premiers, où l'on partage des valeurs.
J'ai longtemps hésité avant de créer ce blog, car loin de moi l'idée de me mettre en valeur (ceux qui me connaissent n'en douteront pas en instant), je tiens surtout ici à vous faire partager ma passion, au travers de mes récits de courses et des tranches de vie vécues depuis quelques années sur les sentiers...et pourquoi pas vous transmettre ce virus qu'est le trail et plus particulièrement l'ultra trail!



dimanche 19 novembre 2017

Un dernier pour 2017...le GemTrail Marathon

Idée un peu folle que de s’aligner encore sur une course une semaine après l’Alpin Trail où j’avais déjà bien senti la fatigue post Diagonale des Fous. Mais j’avais envie de porter un dernier dossard pour cette saison 2018 et retrouver les collègues du Challenge des Trails de Provence. Donc cette fois ci encore c’est pour le « fun » que je me suis inscrit à la dernière minute sur ce 42km du GemTrail.
Sur place une petite heure avant le départ, le mistral nous rappelle alors que nous sommes en novembre et qu’il fait frais, surtout dans la vallée de St Pons à Gémenos. Le thermomètre affiche un timide 4°C, ce qui me fait déjà regretter cette idée folle. Tant bien que mal, je me fait violence et part m’échauffer, ce qui me permet de faire la connaissance de mes deux nouvelles collègues de team Berengère et Mandy.  Sur la ligne de départ, je prends le temps de plaisanter quelques minutes avec Fabrice Arnaud qui est venu marquer quelques points pour le Challenge.


A peine le départ donné, je sens que la journée va être difficile car je n’ai aucune sensation, ni motivation. Je laisse donc partir le groupe de tête et un peu à mon habitude me place dans les 15 premiers. J’échange rapidement avec Pascal Regnerie qui lui aussi est en mode « rando course » suite à la fatigue accumulée sur la saison. Je le laisse partir lui aussi et me cale à mon cardio pour ne pas exploser. Mon objectif est alors de limiter la casse sur cette première partie de course roulante et tenter d’accélérer quand le terrain deviendra plus technique et pentu, un peu comme la semaine dernière.
Après 2h de course, nous voici fasse à la grosse difficulté du jour avec une montée sèche de 800D+. C’est l’heure pour moi d’abattre mes cartes, et essayer de passer à l’action. Sauf que cette fois ci, je n’ai pas de jus et n’arrive pas mentalement à me rentrer dedans.  De plus, par erreur d’attention (ou parce qu’il était surement très discret), j’ai loupé le ravitaillement en eau et me retrouve vite à sec au pied de la cote. Je me force néanmoins de trottiner, en doublant un à un les coureurs du 25km que nous avons rejoint (ce qui n’aide pas pour progresser à un rythme régulier, m’agace et agace aussi les coureurs du 25km de se faire doubler par les coureurs du 42km…bref). J’ai la gorge sèche mais doit prendre sur moi car le prochain ravito, que j’espère bien présent est encore loin. Dans la montée, je retrouve Nicolas Martin qui s’est blessé. Je prends le temps de discuter quelques minutes avec lui pour lui remonter le moral. En échange il me propose une gorgée d’eau qui me sauvera pour le reste de la course (merci Nico).
Les kilomètres passent mais je n’ai toujours pas de motivation pour me mettre dans le rouge. De plus, je commence à sentir de multiples douleurs musculaires et articulaires au niveau du bassin ce qui ne m’incite pas à accélérer. Quelques coureurs me doublent en descente et sur les parties plates, celles qui me font les plus souffrir. Heureusement, j’ai moins mal en montée ce qui me permets de revenir sur eux. Nous jouons au yoyo.
Arrivée au 30 ième km, j’ai toujours mal et n’éprouve aucun plaisir, mais je relativise, contemple ce magnifique massif qu’est la Sainte Baume, profite d’être là en pleine nature, et repense à toute ma saison 2017 qui se termine. Dans mes pensées, j’enchaine les kilomètres en oubliant ma méforme du jour.
Dans la dernière longue descente, un coureur, Yann Morello revient sur moi. Coïncidence,  c’est lui que j’ai doublé la semaine dernière quelques kilomètres avant la fin de l’Alpin Trail. Cette fois-ci c’est à son tour de me doubler, c’est la dure loi du sport. Dure loi, mais je suis amère et me sens frustré de finir ma saison en étant en dedans et en subissant ma course. Allez, il ne reste que 2 km, c’est la fin de saison, je n’ai rien à perdre (rien à gagner d’ailleurs), mais pour le fun, je part tambour battant et essaye de creuser l’écart avec Yann dans la dernière ascension, juste pour me redonner confiance. Mon cardio s’affole mais je sis déterminé. Je ne me retourne pas en haut de la montée, confiant, et relance de plus belle en descente en risquant la chute à plusieurs reprises. Cette descente canon me permet de doubler encore un autre concurrent.  Sur un rythme de routard, je franchi la ligne en 5h16 min, en décrochant une 17ième place, heureux de remporter mon petit challenge personnel « des 2 derniers kilomètres ».
Heureux aussi de partager cet après course avec les amis traileurs que je n’avais pas croisé depuis longtemps pour certains autour d’une bonne bière.
Cette fois-ci ca y est, la saison est définitivement clôturée : Ce soir je pose les baskets pour 3 semaines histoire de reposer l’organisme mais aussi l’esprit afin de conserver l’envie de courir et de se surpasser en 2018.
Rendez vous en 2018 avec le Team Endurance Shop 13 avec pleine de bonnes surprises  au programme !!!






samedi 11 novembre 2017

Alpin Trail de Pichauris pour le plaisir !

Comme l’année passée, c’est tout juste rentré du Grand Raid de la Réunion que je décide de participer à l’Alpin Trail de Pichauris sur le parcours de 30km. Effectivement je sais pertinemment que je n’ai pas encore totalement récupéré de ma Diagonale de Fous mais  je suis là pour me faire plaisir et adapterai ma vitesse à mes sensations. Aucune pression, je suis ici pour me régaler et partager avec mes amis traileurs.

Néanmoins, j’ai comme l’impression que cela va partir vite vu la présence de bons coureurs comme Yoan Peisson et quelques jeunes prêts à lâcher les chevaux!
De mon coté, la stratégie de course est simple : départ prudent à l’écoute de mes sensations, puis si tout va bien, accélération prévue en seconde partie de course.

Aussitôt le départ lancé, sans grande surprise, j’ai du mal à accrocher le peloton de tête et me contente de suivre à distance vers la 15ième place En monté, ma fréquence cardiaque est au plancher et je n’avance pas (peut être normal à 3 semaines de la Diag, non ?). En descente, j’essaye d’allonger la foulée et prend quelques risques pour ne pas trop me faire distancer.
Au premier ravito, je retrouve mon ami Nicolas Martin en assez mauvais état, ce n’est pas son jour. Dommage car je le sentais bien en forme au départ. De mon coté je comptais faire un arrêt express mais la jerricane d’eau qui remplie mon bidon à un débit ridicule et suis donc obligé de patienter une bonne minute. Je repars un peu agacé et essaye de refaire mon retard en descente. Je me mets à fond mais très vite mes piètres qualités de descendeur me rappellent à l’ordre car je manque par 2 fois de trébucher. Même si c’est la fin de saison, on ne va quand même pas risquer de se blesser.
Il est alors l’heure de se diriger vers le Garlaban, sommet de ce trail. Je me force à trottiner tout le long de cette longue montée, avec toujours un cardio à fond. Je double quelques coureurs et franchi le sommet en 11ième position. Juste le temps d’encourager les bénévoles qui sont en plein vent à la croix du Garlaban .
J’arrive alors au vingtième km de la course, point que je mettais fixé pour accélérer si j’en avais la force : j’ai les jambes lourdes, j’ai très mal au niveau du bassin, mais me sent serein et j’ai envie de pousser un peu la machine simplement pour m’amuser et me tester…donc go !
La dernière grosse montée est très technique : un vallon parsemé de blocs de pierre, cela me rappelle la Réunion. Je suis dans mon élément. Je double encore 5 coureurs qui commencent à accuser le coup. Je relance sur le plat, fait un ravito express en moins de 30 seconds juste les temps de remplir ma flasque et gober un bout de banane. Ca descend, j’allonge la foulée, et j’ai le 6ième en ligne de mire ! Go je continue mon effort. Je souffre physiquement mais le mental est au top, je me fais plaisir.
Lorsque je double mon compère, il me lance « vas y ! vas chercher le podium !!! ». A 5 km de l’arrivée cela me semble dur et me fait sourire. Mais quelques secondes après je me ravise et me dit pourquoi pas ! Je continue à rester dans le rouge. Même lorsque je reviens sur Laurie (qui avait décidé de faire le 15km avec son frère), je prend a peine le temps d’échanger deux mots que je repart concentré dans mon effort. Même si je sais qu’il ne reste que 2 km et que le classement est fait, je continue à me régaler à conserver mon rythme de marathonien.

Je franchi la ligne en 3h16min, à la 5ième place. Je suis super heureux de cette remontée et d’avoir pris un maximum de plaisir à me challenger pour ne rien lâcher durant ce « mini » trial.
Je suis également ravis d’avoir ensuite partagé ce moment de sport avec tous les amis de mon club d’Aix Athlé venus courir en nombre, mes collègues du Team Endurance Shop 13 (ainsi qu’avec les nouvelles recrues ;-) ) et tous les autres amis traileurs.
Maintenant place à la coupure de fin de saison….enfin après le Gemtrail du we prochain ! ;-)


jeudi 19 octobre 2017

Diagonale des Fous, deuxième !

Après mon abandon sur le Swiss Peak Trail en septembre, je ne pouvais pas supporter de finir la saison sur un échec. C’est donc un peu à la dernière minute que je décide de m’envoler en cette fin de mois d’octobre vers la Réunion pour participer à la Diagonale des Fous et tenter d’être finisher pour la deuxième année consécutive. Même si mon n’entrainement de fin de saison ne m’a pas spécifiquement préparé pour cette course, je me sent prêt, en forme et surtout motivé à aller au bout de ce défi. Mon objectif : finir quoi qu’il arrive, et pour le sport tenter d’améliorer mon chrono de l’an dernier de 34h30.
 Quelques jours avant la course, je retrouve avec plaisir la vie Réunionaise, ainsi que les amis de la Team Gaspar qui avaient réalisés mon assistance l’année passée et feront de même cette année. Mon ami Phil, coordinateur du team est toujours aussi motivé et dynamique pour cette belle aventure humaine et cela me donne encore plus de force pour affronter ce Grand Raid.
Veille du départ, je vais récupérer mon dossard avec Galinette Laurie. Le Team Endurance Shop 13 est une fois de plus bien présent sur cette étape de l’Ultra Trail World Tour ! Mon après midi est consacrée aux derniers préparatifs de course avec la confection des mes sacs d’assistance, choix de la tenue suivant la météo qui s’annonce très clémente, révision du parcours…tout ceci afin d’avoir l’esprit libre le jour de la course et me reposer un maximum.

Le jour J arrive. Une journée toujours assez compliquée à gérer avec un départ à 22h entre siestes, repas et impatience de se lancer dans l’aventure. Vers 20h, je rejoins Laurie pour nous positionner dans le sas de départ du coté des Elites. Quelle Chance ! On se sent alors tout d’un coup redevenir coureur du dimanche à coté des stars mondiales comme Antoine Guillon, Diego Pazos, Jim Walmsley, Andrea Huser. Plaisir aussi de retrouver sur le départ les amis coureurs provençaux avec Irina, Fabrice d’Alletto et Sandra Cochini.

A quelques minutes du départ, nous nous retrouvons serrés comme des sardines sur la ligne de départ. Certes dans le peloton de tête mais on sent la pression des 2500 coureurs derrières prêts à en découdre sur ces 165km et 9700D+. Ca y est, comme l’an dernier, la musique de départ me donne la chair de poule, je regarde autour de moi et aperçois le publique venu en masse pour nous encourager, c’est énorme. J’ai presque la larme à l’œil de savoir que dans quelques instants nous allons partir pour une aventure de fou, à la recherche du dépassement de soi !
Top départ ! Nous partons à un rythme effréné sur les avenues de Saint Pierre. Pendant plusieurs kilomètres, le public en bord de route est toujours aussi dense et ne cesse de crier. Une ambiance énorme doublée d’un feu d’artifice spécialement lancé pour le Grand Raid. Ces instants sont tellement magiques que je n’ai pas l’impression de forcer et courir à plus de 15km/h. Je suis sur une autre planète. Après une demi heure de course, nous pénétrons dans les champs de canne à sucre ou le calme de la nature reprend le dessus. Il est alors temps de se calmer et se focaliser sur le plan de course, écouter son corps et ses sensations. Je me sens en jambes, tous les voyants sont au vert.  Je décide alors de continuer sur un bon rythme avec pour objectif final de tenter de rallier l’arrivée en moins de 32h. Au passage du premier pointage au domaine Vidot, je suis en avance de 10 min sur mon temps de l’an passé. Cela me rassure sur mes capacités du jour mais m’inquiète également car je suis conscient qu’un départ trop rapide se payera plus tard avec la fatigue. Je décide alors de baisser légèrement le rythme. Après 2h de course, je commence à ressentir une douleur au niveau du bassin qui me rappelle étrangement celle qui m’avait fait abdiquer sur l’UTMB il y a deux ans au bout de seulement 30 km. Je m’était préparé à tout sauf à ça, car effectivement si ma cruralgie se déclenche, même avec la meilleur volonté du monde, il me sera impossible de rejoindre l’arrivée, même en 3 jours. J’essaye alors d’oublier et de rester positif. Même s’il fait nuit noire, j’essaye de me divertir avec le peu de paysage visible à la lueur de ma frontale. Je pense à ma course, au prochain ravitaillement de Marre à Boue où je vais retrouver l’assistance du Team Gaspar et le fameux gâteau Patate. Je suis tellement concentré sur mes pensées que comme de nombreux coureurs, je loupe un balisage et me trompe de chemin en continuant sur une piste descendante. Au bout de 5 min, ne voyant plus de balises, nous faisons alors demi tour. Au bilan, dix bonnes minutes de perdues et une vingtaine de place perdues. Je relativise, reste calme et me dit que cela fait parti du jeux et que la route est encore très longue : nous n’avons couru que 5h sur les 32 prévues !

La descente sur Marre à boue cette année encore se fait sur un sentier très sec ce qui permet d’un peu dérouler la foulée sans trop prendre de risque. Arrivé à l’entrée du poste d’assistance de Marre à Boue, un bénévole du team Gaspar m’intercepte pour me ravitailler : je recharge en barre de céréale, en eau, englouti un morceau de gâteau patate et repart pour l’aventure. Par gourmandise, et pour le moral, je m’arrête également au ravitaillement pour manger rapidement une assiette de riz et un morceau de poulet grillé ! C’est donc le ventre bien (trop) rempli que je repars à l’assaut de la base vie de Cilaos. Cette fois ci, contrairement à l’erreur commise sur mon ultra en Suisse, j’ai clairement découpé mentalement cet ultra en 3 course distinctes avec un premier ultra de 70km entre le départ et Cilaos, un second à travers Mafate et un dernier marathon de 40km de Sans Souci à l’arrivée. A présent je ne pense donc ni à l’arrivée, ni au cirque de Mafate, mais uniquement à mon arrivée à Cilaos.
5h30, le jour se lève sur Coteau Kerveguen et laisse découvrir un paysage somptueux juste au dessus des nuages. Celui –ci m’avait émerveillé l’an passé et ce n’est que partie remise.  Je suis en plein rêve éveillé ! Malheureusement cette année j’ai du mal à digérer ce morceau de poulet et n’arrive plus à m’alimenter correctement. J’attaque alors la descente sur Cilaos avec un gros coup de moins bien. Je commence à voir des étoiles. Je me force alors à manger une barre pour reprendre des forces. Je descend très lentement mais cela ne me gène pas plus que ca car cette descente très technique et pentue et très piégeuse et vu le dénivelé sur le bord du sentier, la chute est strictement interdite. J’assure et descend en mode économie. Arrivé en bas, le temps de remplir en eau que je vois alors les collègues gardois Fabrice D’allletto et Guillaume Taupenas revenir sur moi. Je repars alors avec eux ce qui me permet de revenir un peu dans ma course. Nous discutons,  ce qui fait passer les kilomètres plus rapidement. Fabrice m’explique également qu’il est encore sur la fatigue de son 100 miles remporté il y a 15 jours et que Cilaos sera pour lui la fin de cette Diagonale. Arrivé à la base vi de Cilaos, le team Gaspar me permet de repartir tout neuf avec un changement de tenu, un massage de quelques minutes et bien sur quelques morceaux de gâteau patates. A la sortie du ravito, j’ai vraiment l’impression de repartir pour une nouvelle course. Il est donc temps de passer à mon nouvel objectif, la traversée ou plutôt le chantier du cirque de Mafate, car si jusqu'à maintenant ma moyenne était de 6,5km/h, je sais qu’elle va désormais chuter et que la marche va devenir prépondérante.
Il commence à faire  très chaud, ce qui me va bien, je suis dans mon élément. Seul hic, une ampoule sur le talon commence à me faire souffrir. Pour ne pas empirer la chose je décide de perdre quelques minutes et m’appliquer un pansement type seconde peau sur le talon même si je suis persuadé qu’il ne tiendra pas très longtemps avec l’humidité.

La montée du Taibit se fait sous un soleil de plomb. Même si je me sens bien, je décide de ne pas trop forcer pour rester frais car cela ne fait même pas 12h que je cours. De plus, ce passage reste toujours un peu « stressant » car une fois le col franchi, nous basculons dans le cirque de Mafate où plus aucun rapatriement n’est possible. Il faudra aller quoi qu’il arrive jusqu'à Sans Souci au km 120.
Une fois le col franchi, j’essaye alors de m’imposer un rythme soutenu en descente pour essayer de gagner quelques minutes car actuellement je suis sur les mêmes temps de passages, à la minute prêt que l’an dernier.
Arrivée au ravitaillement de Marla, je me dirige vers l’assistance médicale afin qu’ils renforcent mon pansement au talon pour limiter les frottement : le médecin sort alors un aiguille pour crever l’ampoule mais je lui dit que ce n’est pas la peine, qu’elle a éclatée depuis longtemps et que je veux juste un gros morceau de strap pour limiter le frottement et la douleur. Il me confectionne alors pansement d’ultra traileur que j’aurai même du mal à enlever  sous la douche après la course !
Une fois de plus me voilà reparti presque tout neuf pour la suite de cette aventure. Les kilomètres commencent à se faire longs, surtout que je connais le parcours. Mais la beauté du paysage fait que je ne m’ennuie pas un instant. Je suis immergé dans ce grand raid et j’ai l’impression que rien ne pourra m’arrêter. Je n’ai aucune pression, je ne connais d’ailleurs pas mon classement, je cherche juste à avancer et si possible un peu plus vite que l’an passé pour améliorer mon temps. Tout va bien, le moral est là, les jambes sont un peu lourdes mais cela est normal. Seul bémol, c’est coté alimentation où j’ai de plus en plus de mal à ingérer des barres. Pas grave, ma stratégie sera de plus m’alimenter en aliment « naturel » style bananes, pain d’épices, patate douce, riz, soupe, fruits secs sur les ravitos et « jeuner » entre deux ravitos.
Les heures défilent, je suis toujours dans le cirque de Mafate, à traverser de ravines en ravines, à descendre des sentiers très techniques, remonter sur des pentes abruptes remplies de marches. Mais je suis Zen, j’ai l’impression d’être chez moi,  je connais ces sentiers, je prends mon mal en patience. Je partage quelques instant avec les coureurs que je double ou qui me doublent mais qui sont pour la plus part plus stressés que moi à voir que nous n’avançons pas dans ce chantier. Cela me fait rire intérieurement.
Aux ravitaillements de Ilet à Bourse et Grand Place, j’aperçois des coureurs au regard livide, vidés, avachis sur des fauteuils. Je pense qu’ils vont abandonnés mais non personne ne veux rien lâcher et tous repartent. Même si nous avons l’air de zombis, nous voulons tous finir dans nos objectifs ce qui donne de l’intensité et une densité de bons coureurs importante en tête de course. Personne ne lâche rien.
Il est 16h00 passé, nous attaquons le début de la sortie du cirque avec la très longue montée sur le Maido. Un coureur qui m’accompagne me lance alors « prêt pour la séance de step ! ». Etrangement, je ne me rappelais pas de ce passage, mais nous faisons alors face à une montée sèche de 700D+ en seulement 2km avec des marches de parfois 40cm à franchir. Motivé, je rythme à la cadence à mon collègue du moment et réalisons une montée à un bon rythme. Arrivé au ravito de Roche Plate, je pense alors être en avance sur mes temps, mais je n’ai au final que 10 min d’avance après 20h de course. Cela va être compliqué de gagner 2h au final.
Je reste motivé car ces quelques minutes gagnées me font allumer ma frontale dix minutes plus tard que l’an dernier et cela fait du bien. Je suis content d’attaquer la montée du Maido encore de jour ! Après plus d’une heure et demi de montée, me voilà enfin sorti du cirque de Mafate. Pour ne pas perdre de temps, je décide alors de ne pas aller à la tente d’assistance de Gaspar car il me reste encore des barres vu que je n’en consomme plus depuis un moment. C’est parti pour les 13 derniers km qui me séparent de la fin de mon deuxième ultra, Sans Souci. J’arrive alors dans un passage qui avait été critique pour moi l’an passé. Une succession de relance en faux plat descendant pendant 5km qui m’avaient fait perdre beaucoup de temps l’an passé. En connaissance de cause, je prend mon courage à deux mains et décide de relancer et toujours trottiner sur cette portion pour limiter la casse et essayer encore de grappiller quelques minutes.  Cela fonctionne et aborde la descente sur Sans Souci, à un rythme correct en compagnie d’un coureur réunionnais accompagné d’un pacer (ce qui pour le coup est beaucoup moins correct…bref).
Arrivé à la base vie, je retrouve mon assistance Gaspar  qui une fois de plus me refait une santé. Je regarde ma montre, j’ai presque 20 min d’avance sur l’an dernier. Comme convenu je m’accorde une pause de 20min pour me faire masser, changer de tee shirt, de chaussures et profiter d’un repas chaud à base de poulet et de pates vu que j’ai décidé de ne plus consommer de barres entre les ravitos. J’en profite également  pour demander des nouvelles de Laurie : Le bénévole m’annonce qu’elle est passée deux heures après moi à Roche Plate ! Super, je suis contant pour elle mais me dit qu’il va falloir se bouger si je ne veux pas qu’elle revienne. Avant de repartir, je saisi au vol 2 mini crêpes à la confitures qui sont un peu la marque de fabrique de ce ravito…cela fait parti du mythe Grand Raid.
Une fois de plus me revoilà parti presque tout neuf pour ma dernière étape de 40 km avant l’arrivée finale au stade de la Redoute. A ce stade de la course, je sais que sauf grosse blessure, je serai finisher. Le moral est donc au beau fixe mais le physique flanche. Peut être que je me suis trop lâché dans la descente et que je le paie maintenant. Je n’avance plus dans cette interminable montée. Je me fais doubler par plusieurs coureurs. Ces instants sont durs à vivre mais je relativise. Je commence également à sentir des échauffements sous les pieds. Ca y est, je suis au fond du seau, je commence à broyer du noir. Oui je vais continuer mais j’ai l’impression que je vais mettre beaucoup plus de temps que prévu pour finir ce Grand Raid. J’essaye alors d’avoir des pensées positives dans cette nuit noire. Je pense à mes amis, ma famille qui suivent le live. Mais à cette heure ils doivent dormir !  Je suis vraiment seul. Des coureurs, qui ont l’air d’être en pleine forme continuent de me doubler. Les hallucinations commencent aussi à faire leurs apparitions. Cela signifie que je suis vraiment fatigué ! Tant bien que mal j’arrive au ravitaillement du sentier Ratineau où pour la première fois le pointeur m’annonce mon classement : « bravo raideur, tu es 98ième.».  Cela me mine encore plus car avec mon avance relative sur mon chrono de l’an passé je pensais plus être dans les 60ièmes.
Bref rien ne va. Je m’accroche à un groupe de 2 coureurs avec qui je commence à discuter. Leur rythme n’est pas très soutenu mais cela me permet de me remonter un peu le moral. Après une bonne demi heure de papotage, je retrouve peu à peu des forces : Oui je peux continuer avec mes deux compères à ce rythme et arriver à  la Redoute tant bien que mal, mais je peux aussi encore aller chercher un bon chrono. Allez Go, je prend sur moi, sert les dents et me force à relancer et commence à distancer mes 2 amis. Au ravito de la Possession, je passe alors à la minute dans mes temps de l’an passée. Il ne faut pas lâcher ! En route pour le mythique sentier des Anglais où il faudra être fort pour courir sur ces gros pavés. Le début du sentier se passe bien mais asse vite, je me fais rattraper par la monotonie du sentier : Sous le halo de ma frontale, je vois défiler un à un les gros pavés noirs alignés sur des kilomètres sur lesquels je cale mon pas tel un métronome.  Il est 5h00 du matin, et en cette fin de seconde nuit blanche je n’arrive pas à résister à l’appel du sommeil. Moi qui croyais avoir vaincu ce fameux coup de barre de la seconde nuit, je suis en train de tomber en plein dedans. Mes paupières se ferment machinalement, mes pas deviennent hasardeux et commence à tituber sur le sentier. Je m’arrête un instant pour reprendre mes esprit mais dès que je repart, je me ressent partir. J’aperçois alors un rocher sur lequel j’ai envie de m’asseoir. Oui, non, je suis incapable de me rappeler si je m’y suis réellement assis mais dès mes fesses peut être posées je suis reparti, pour avancer. Je bois un coup pour essayer de me réveiller quand j’entends tout à coup le chant de mon sauveur. C’est le chant des oiseaux qui annoncent le lever du soleil. En quelques minutes, j’aperçois la lueur du jour qui me réveille presque instantanément. Me voilà reparti en direction de la dernière ligne droite.

Je passe le ravito de Grande Chaloupe et constate qu’à quelques minutes je suis une fois de plus dans mes temps de passage de l’an passé. Bien que j’ai envie d’attaquer dans cette dernière bosse de 600m de D+, la fatigue se fait ressentir et je suis obligé de monter à l’économie.  J’ai l’impression de ne pas avancer et pense que je perds beaucoup de temps mais arrivé au sommet de la bosse, une fois de plus, je suis toujours dans mes temps de passage. Décidé à ne pas m’arrêter au dernier ravito, je craque tout de même pour un mini pain au chocolat posé sur la table (et oui il est 7h30, c’est l’heure du petit déj !).


Plus qu’a descendre sur 5 km et c’est l’arrivée. Malgré la technicité du sentier, je prend le temps de savourer ce moment: je repense à tous les moment durs de la course, aux moment passées à s’entrainer, au soutiens de mes proches, amis, à ce sentiment d’accomplissement…je suis heureux et j’ai la larme à l’œil.
Je regarde ma montre et commence à rire de constater que je vais mettre exactement le même temps que l’an passé ! 
Cela fait 34h35min que je suis parti que je rentre dans le stade de la Redoute. Je foule pour la seconde année consécutive cette piste en terre rouge et franchi l’arrivée heureux. Je tourne alors la tête pour voir le classement, et une fois de plus sourit car je suis pile poil 100ième.



Un grand merci au team Gaspar pour cette assistance de choc avec des bénévoles au top ! Merci à tous les amis, famille pour vos soutiens sans lequel je n’arriverai pas au bout de toutes ces aventures. Bravo à Laurie, Sandra, Irina, Guillaume et tous les autres….d’avoir bouclé ce Grand Raid.
Deux semaines après l’aventure, j’ai l’esprit encore rempli de toutes ces images de course, de ces moments de partage, de rencontres.
Même si je n’ai pas tenu mon objectif de temps, je suis heureux de m’être prouvé que j’étais capable de réaliser la même performance que l’an dernier et de finir une fois de plus un ultra! Je suis simplement heureux aujourd’hui d’avoir couru deux fois coup sur coup la Diagonale des Fous en 34h30 !
Au final je suis simplement heureux de pouvoir courir !
« We love running ! »