Histoire
de franchir une étape de plus dans cette nouvelle saison, j’avais planifié de
courir le 85km du Roc de la Lune (qui en fera 90 au final) en ce dernier we
d’avril. Comme le dit le proverbe, « En avril ne te découvre pas d’un
fil ». Le climat Cévenol nous rappelle en effet à l’ordre avec une météo
assez fraiche et humide, bruine, et température entre 6 et 10°C annoncé et de
fortes rafales de vent. Tout ce que je déteste.
La
veille du départ, malgré mon bon état de forme, je suis un peu
« stressé » par ces conditions climatiques. Heureusement, je suis
accompagné de Lisa, Sophie et Anne Marie qui courent également la course et
partageons quelques fous rire d’avant course histoire de détendre l’atmosphère.
Le temps d’un petit briefing autour d’une bière pour les filles et d’un Perrier
fraise pour moi (oui je sais j’aurai du prendre une bière au final ;-) ),
nous finissons de préparer notre matériel pour le départ à 7h00 le lendemain.
Vu les conditions boueuses, je choisi de courir en Salomon Speed Cross 5, leur
terrain de jeu favoris !
Après
un rapide petit déjeuner, nous partons sur la ligne de départ pour un léger
échauffement d’une dizaine de minutes. Il fait frais et humide mais pas de
pluie. C’est déjà ca. Le départ est
donné et je me positionne dans le groupe de tête. La route sera longue je ne
veux pas emballer la course. Je me cale dans la foulée du second. Très
rapidement nous créons un gros écart à trois. Nous nous relayons, prenons un
peu le temps de faire connaissance mais l’allure est tout de même rapide car je
constate que nous sommes à plus de 13km/h sur les parties de relance.
Nous
passons le premier ravito sans s’arrêter et continuons à créer l’écart. Je suis
un peu euphorique de ce début de course et sans le savoir suis en train de
faire une belle erreur de débutant avec un départ beaucoup trop rapide car je
ne sais pas encore que celui qui mène le rythme est en fait Romain Berger qui
fini 3ième du 80km du MontBlanc l’an passé. Au bout de 15km je commence à réaliser que la
course va être longue et que je suis en train de me griller. Je décide de
ralentir le rythme mais il est déjà trop tard. Les jambes commencent un peu à
piquer.
Pour
couronner le tout, à la sortie d’un petit single, je vois arriver un petit
groupe de coureurs par une piste en amont et aperçois surpris, Sophie qui elle
aussi est très étonnée de me voir. On échange rapidement dans ce moment de
stress pour conclure qu’ils se sont trompés et gagné 1,5 km sur le parcours. Le
couteau entre les dents je repars alors à fond pour redoubler ceux qui sont
passés devant. Mauvaise surprise, on m’annonce 12ième au ravito
alors que je suis en réalité 3ième. Je sais très bien que sur la
distance de 90km cela ne changera rien mais cela me mets un gros coup au moral.
Heureusement je croise alors Mandy (qui fait le 120km) sur le ravito et
échangeons rapidement et son sourire me redonne du courage. Je repars alors à
la poursuite des places que j’ai perdues, et remonte peu à peu. Mais peu à peu
j’ai aussi les jambes qui commencent à se durcir.
Nous
sommes alors dans la partie la plus sauvage et « montagnarde » de la
course. Je commence à avoir mal partout et je le moral dans les chaussettes car
nous n’avons fait que 40km et j’ai l’impression d’an avoir fait 100 ! Le prochain gros ravitaillement approche mais
je n’ai plus envie de courir. Je me pose alors la question d’abandonner là, vu
qu’il commence aussi à pleuvoir. Je suis dans le dur, comme cela arrive sur
tous les ultra mais là je n’ai pas envie d’attendre que ca passe. A quoi bon
insister ? Il y aura d’autres courses. Je cogite, repense à un tas de
choses personnelles et retrouve peu à peu l’envie, ou du moins la volonté,
d’aller au bout quelque soit mon classement final, juste pour des raisons
personnelles, et par respect à mes 3 copines derrières qui mettrons surement plus
de temps que moi mais iront au bout avec leur mental d’acier.
Arrivé
au ravito, je retrouve mes amis Laurence et Albé. Ils m’encouragent, on discute
et cela me fait le plus grand bien moralement. Je m’empiffre de bananes, quatre-quarts, fruits secs et
chocolat et cela me fait plaisir. Après 5 min de pause, je repars toujours fatigué
mais mentalement requinqué pour aborder la plus grosse montée du parcours
avec plus de 900D+. J’en oublie presque la douleur physique dans la cote. En
revanche la descente rappelle à mes quadri que je me suis cramé en première
partie de course et commence à cramper. Cela me force à marcher et même
m’arrêter quelques minutes.
Allez,
plus que 20 km pour rallier l’arrivée. D’après mes estimations, je devrais
pouvoir finir en 12h30 de course. Je suis encore dans le top 10 mais les
derniers kilomètres sont très roulant et seul, je sens que cela va être très
long et surtout très dur mentalement à gérer. Pas grave, je suis la pour
profiter et terminer. Je le prends cool. Je prends le temps d’admirer le
paysages, c’est beau les causses de Cevennees et fais une petit pause pipi.
Mais voilà que je me retourne et vois débarquer, accompagné d’une poignée de
coureur, ma Sophie ! Mort de rire, nous repartons ensemble. Elle à l’air
heureuse de me retrouver et mois aussi car je sais que je ne vais maintenant
pas finir seul la course. On commence à se raconter nos courses. Je lui parle
de ma mauvaise gestion de course et elle de sa superbe course car elle survole
la course chez les féminines avec presque 2h d’avance. On se dit bien entendu que nous franchirons
la ligne d’arrivée ensemble. Un beau duo avec « Sophie la relance ».
Elle me motive dans les parties plates et moi la tire sur les parties raides et
les coups de cul. On prend un bon rythme de course et seul un coureur du groupe
arrive à nous tenir compagnie, Gaelle, un toulousain. Malgré la fatigue, nous cheminons
à bon train et nous nous remontons le moral dans les grandes parties de
relance. Notre seul leitmotiv est la bière que nous allons boire à
l’arrivée ! Malgré les kilomètres à rallonge, nous approchons de l’arrivée
et entendons le speaker au loin. Un dernier passage dans une rivière pour bien
finir et nous voilà sur la ligne d’arrivée en 12h05. Je suis heureux de finir,
mais surtout heureux de partager ce moment de course avec Sophie pour sa très
belle victoire.
Il
est alors temps d’aller boire une bière pour fêter cela, car nous finissons 7ième
au général au final. Nous enchainons
ensuite quelques bières supplémentaires afin d’attendre Lisa et Anne Marie qui
bouclent cette course en 16 et 17h. Bravo les filles, vous avez un gros mental.
Merci
une fois de plus à mes partenaires Endurance Shop 13 mais surtout, et je crois
qu’il y aura droit sur toute cette saison, à mon kiné Stephane Bouchic et toute
son équipe pour me permettre de courir 90km moins d’un an après mon
opération !
Désormais
une étape de plus de franchie pour se tourner sereinement vers les ultras avec
en ligne de mire l’Utra Trail de Corse début juillet, un gros objectif de cette
année.
Plus
que deux mois avant de retourner dans ce maquis Corse que j’adore.
Je ne découvre que maintenant ce superbe résumé. Et me rends du coup compte qu'il manque deux épreuves sur ce joli blog :)
RépondreSupprimerBravo pour ces récits toujours détaillés qui font envie. LOLO CALLEJA