46 km pour 1500D+ ! Mais quelle idée d’aller courir ce
trail de « routard » ? Tout simplement car le Beaver Trail
traverse les collines qui m’ont vu grandir et qu’il est organisé par une petite
équipe de bénévoles dynamiques et Eric Andréo qui me fait le plaisir de m’ y
inviter chaque année.
Je sais très bien que
le parcours ne me correspond pas et que ca va partir très vite avec les leaders du challenge des
trails Gardois qui sont des habitués de ces profils et ici pour marquer des
points.
Le départ est soutenu, je me fait discret et me contente de
m’accrocher au peloton de 6 coureurs que nous sommes, lancés à plus de 15km/h.
Sachant qu’il me sera impossible de tenir ce rythme sur 46km, je décide de
lâcher un peu la tête de peloton pour faire ma course. Isolé à la 6ième
place, je tente de toujours relancer pour ne pas perdre trop de temps et me
contente ne faire que des pleins d’eau express sur les ravitos sans prendre le
temps de gouter à la partie solide…bref il faut aller vite aujourd’hui. Je me
surprends alors à passer le cap du semi marathon au bout de seulement 1h30 mais
les jambes me le font savoir : Elles sont raides, ma hanche me fait mal et
la fatigue est là.
30ième km, je n’ai pas encore marché un instant,
ce n’est plus du trail ! Je souffre.
3h de course, nous y voilà, une montée comme je les aime,
ambiance Madère avec de la boue, des grosses marches des racines sur 200 m de
D+. Je me sent à l’aise, retrouve des sensations, prend du plaisir et ca se
voit : je reviens comme un cabris sur le 5ième et m’échappe
dans cette jungle. Seulement voilà, la suite est à nouveau roulante, je
re-souffre et me refait doubler. Ce petit jeu se continue sur plusieurs km ou
nous n’arrêtons pas de nous doubler, lui sur le plat, moi en cote. Bon esprit,
nous échangeons quelques mots à chacune de nos entrevues sans que l’un d’entre
nous ne se motive à tenter une accélération pour s’échapper : ambiance
conviviale, esprit trail !
Il ne reste plus que 5km, nous avons achevé la dernière
« grosse » montée, je suis donc quelques centaines de mètre devant
mon compère mais sait que cela ne sera
pas suffisant pour garder ma place jusqu'à l’arrivée vu qu’il ne reste que des
petites relances qui seront à son avantage.
En temps normal, mon caractère d’ultra traileur m’aurais
fait dire que 5ieme ou 6ieme cela ne m’apportera rien de plus, surtout sur
cette course sans enjeu pour moi.
Mais aujourd’hui,
depuis le départ, je me suis pris à cet exercice de vitesse, à survoler les
ravitos, à tenter de ne pas perdre une minute, à me faire mal à courir vite,
donc pourquoi finir cool et ne pas aller me prouver que je suis capable d’avoir
la niaque, et tenter de me remettre dans le rouge sur ces 5 km. Non pas pour
gagner une place, mais pour me prouver que j’en suis capable, me donner
confiance en moi…
J’ai mal de partout, mais je creuse l’écart : je prends
des risques dans les descentes, la montée d’adrénaline me fait accélérer dans
les relances, j’allonge la foulée sur le plat.
4h30 de course, l’arrivé est là, j’ai réussi à me faire
violence et creuser un bel écart: un moment de bonheur malgré la fatigue. Je
reste alors à proximité de la ligne d’arrivée pour féliciter mon compère,
Jonathan Delhom, qui me rejoint quelques minutes plus tard.
Je suis donc heureux de pouvoir monter une fois de plus sur
ce podium du Beaver Trail pour cette 1iere place Senior (et 5ieme au scratch),
sur une épreuve qui me tient réellement à cœur et sur laquelle j’ai pris
beaucoup de plaisir à courir vite au final.
Bravo à Eric et son équipe pour l’organisation de ce trail
au tracé magnifique dans les gorges du Gardon mais aussi à mon cousin et Jérome
pour avoir terminé leur premier 46km.
Maintenant place à la récup (merci à BV Sport et Meltonic)
afin d’enchainer le we prochain sur les 45km du Trail des Maures.
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