Après avoir eu le malheur de "goûter", un peu par hasard, à la course à pied en 2008, je me suis découvert une passion pour ce sport qu'est le trail.
Un sport d'addiction, où chacun peut y trouver du plaisir, une motivation, des défis à relever.
Un sport qui permet de découvrir de nouvelles contrées, des paysages, des ambiances uniques, des personnages.
Un sport de partage, où les derniers côtoient les premiers, où l'on partage des valeurs.
J'ai longtemps hésité avant de créer ce blog, car loin de moi l'idée de me mettre en valeur (ceux qui me connaissent n'en douteront pas en instant), je tiens surtout ici à vous faire partager ma passion, au travers de mes récits de courses et des tranches de vie vécues depuis quelques années sur les sentiers...et pourquoi pas vous transmettre ce virus qu'est le trail et plus particulièrement l'ultra trail!



samedi 27 avril 2019

Le Roc de la Lune pour rebasculer sur l'ultra !


Histoire de franchir une étape de plus dans cette nouvelle saison, j’avais planifié de courir le 85km du Roc de la Lune (qui en fera 90 au final) en ce dernier we d’avril. Comme le dit le proverbe, « En avril ne te découvre pas d’un fil ». Le climat Cévenol nous rappelle en effet à l’ordre avec une météo assez fraiche et humide, bruine, et température entre 6 et 10°C annoncé et de fortes rafales de vent. Tout ce que je déteste.
La veille du départ, malgré mon bon état de forme, je suis un peu « stressé » par ces conditions climatiques. Heureusement, je suis accompagné de Lisa, Sophie et Anne Marie qui courent également la course et partageons quelques fous rire d’avant course histoire de détendre l’atmosphère. Le temps d’un petit briefing autour d’une bière pour les filles et d’un Perrier fraise pour moi (oui je sais j’aurai du prendre une bière au final ;-) ), nous finissons de préparer notre matériel pour le départ à 7h00 le lendemain. Vu les conditions boueuses, je choisi de courir en Salomon Speed Cross 5, leur terrain de jeu favoris !


Après un rapide petit déjeuner, nous partons sur la ligne de départ pour un léger échauffement d’une dizaine de minutes. Il fait frais et humide mais pas de pluie. C’est déjà ca.  Le départ est donné et je me positionne dans le groupe de tête. La route sera longue je ne veux pas emballer la course. Je me cale dans la foulée du second. Très rapidement nous créons un gros écart à trois. Nous nous relayons, prenons un peu le temps de faire connaissance mais l’allure est tout de même rapide car je constate que nous sommes à plus de 13km/h sur les parties de relance.

Nous passons le premier ravito sans s’arrêter et continuons à créer l’écart. Je suis un peu euphorique de ce début de course et sans le savoir suis en train de faire une belle erreur de débutant avec un départ beaucoup trop rapide car je ne sais pas encore que celui qui mène le rythme est en fait Romain Berger qui fini 3ième du 80km du MontBlanc l’an passé.  Au bout de 15km je commence à réaliser que la course va être longue et que je suis en train de me griller. Je décide de ralentir le rythme mais il est déjà trop tard. Les jambes commencent un peu à piquer.
Pour couronner le tout, à la sortie d’un petit single, je vois arriver un petit groupe de coureurs par une piste en amont et aperçois surpris, Sophie qui elle aussi est très étonnée de me voir. On échange rapidement dans ce moment de stress pour conclure qu’ils se sont trompés et gagné 1,5 km sur le parcours. Le couteau entre les dents je repars alors à fond pour redoubler ceux qui sont passés devant. Mauvaise surprise, on m’annonce 12ième au ravito alors que je suis en réalité 3ième. Je sais très bien que sur la distance de 90km cela ne changera rien mais cela me mets un gros coup au moral. Heureusement je croise alors Mandy (qui fait le 120km) sur le ravito et échangeons rapidement et son sourire me redonne du courage. Je repars alors à la poursuite des places que j’ai perdues, et remonte peu à peu. Mais peu à peu j’ai aussi les jambes qui commencent à se durcir.
Nous sommes alors dans la partie la plus sauvage et « montagnarde » de la course. Je commence à avoir mal partout et je le moral dans les chaussettes car nous n’avons fait que 40km et j’ai l’impression d’an avoir fait 100 !  Le prochain gros ravitaillement approche mais je n’ai plus envie de courir. Je me pose alors la question d’abandonner là, vu qu’il commence aussi à pleuvoir. Je suis dans le dur, comme cela arrive sur tous les ultra mais là je n’ai pas envie d’attendre que ca passe. A quoi bon insister ? Il y aura d’autres courses. Je cogite, repense à un tas de choses personnelles et retrouve peu à peu l’envie, ou du moins la volonté, d’aller au bout quelque soit mon classement final, juste pour des raisons personnelles, et par respect à mes 3 copines derrières qui mettrons surement plus de temps que moi mais iront au bout avec leur mental d’acier.
Arrivé au ravito, je retrouve mes amis Laurence et Albé. Ils m’encouragent, on discute et cela me fait le plus grand bien moralement. Je m’empiffre  de bananes, quatre-quarts, fruits secs et chocolat et cela me fait plaisir. Après 5 min de pause, je repars toujours fatigué mais mentalement requinqué pour aborder la plus grosse montée du parcours avec plus de 900D+. J’en oublie presque la douleur physique dans la cote. En revanche la descente rappelle à mes quadri que je me suis cramé en première partie de course et commence à cramper. Cela me force à marcher et même m’arrêter quelques minutes.
Allez, plus que 20 km pour rallier l’arrivée. D’après mes estimations, je devrais pouvoir finir en 12h30 de course. Je suis encore dans le top 10 mais les derniers kilomètres sont très roulant et seul, je sens que cela va être très long et surtout très dur mentalement à gérer. Pas grave, je suis la pour profiter et terminer. Je le prends cool. Je prends le temps d’admirer le paysages, c’est beau les causses de Cevennees et fais une petit pause pipi. Mais voilà que je me retourne et vois débarquer, accompagné d’une poignée de coureur, ma Sophie ! Mort de rire, nous repartons ensemble. Elle à l’air heureuse de me retrouver et mois aussi car je sais que je ne vais maintenant pas finir seul la course. On commence à se raconter nos courses. Je lui parle de ma mauvaise gestion de course et elle de sa superbe course car elle survole la course chez les féminines avec presque 2h d’avance.  On se dit bien entendu que nous franchirons la ligne d’arrivée ensemble. Un beau duo avec « Sophie la relance ». Elle me motive dans les parties plates et moi la tire sur les parties raides et les coups de cul. On prend un bon rythme de course et seul un coureur du groupe arrive à nous tenir compagnie, Gaelle, un toulousain. Malgré la fatigue, nous cheminons à bon train et nous nous remontons le moral dans les grandes parties de relance. Notre seul leitmotiv est la bière que nous allons boire à l’arrivée ! Malgré les kilomètres à rallonge, nous approchons de l’arrivée et entendons le speaker au loin. Un dernier passage dans une rivière pour bien finir et nous voilà sur la ligne d’arrivée en 12h05. Je suis heureux de finir, mais surtout heureux de partager ce moment de course avec Sophie pour sa très belle victoire.
Il est alors temps d’aller boire une bière pour fêter cela, car nous finissons 7ième au général au final.  Nous enchainons ensuite quelques bières supplémentaires afin d’attendre Lisa et Anne Marie qui bouclent cette course en 16 et 17h. Bravo les filles, vous avez un gros mental.
Merci une fois de plus à mes partenaires Endurance Shop 13 mais surtout, et je crois qu’il y aura droit sur toute cette saison, à mon kiné Stephane Bouchic et toute son équipe pour me permettre de courir 90km moins d’un an après mon opération !
Désormais une étape de plus de franchie pour se tourner sereinement vers les ultras avec en ligne de mire l’Utra Trail de Corse début juillet, un gros objectif de cette année.
Plus que deux mois avant de retourner dans ce maquis Corse que j’adore.