Conformément à ma feuille de route je me positionne
dans les 25 premiers, à l’économie dans cette première bosse de 1200 mètre de
D+. Je n’hésite pas à marcher dès que la pente s’accentue et profite un maximum
du lever de soleil sur le massif minéral qui se dresse face à nous.
J’aborde la première grande descente dans le même
état d’esprit, où les premiers rayons de soleils jouent à cache-cache avec la
montagne. Quelques coureurs me doublent, mais je reste zen. Je connais le
parcours et je suis persuadé que cela va exploser devant, il faut s’économiser,
la route est longue.
Je passe le premier ravito, encouragé par Julien
qui attend impatiemment sa Gallinette Perrine. La seconde grosse bosse nous
amène à plus de 2700m d’altitude, le paysage est toujours magnifique. Je
distance alors quelques coureurs mais attend toujours de passer la mi-course
pour tenter d’accélérer. Les sensations sont pourtant bonnes, mais il ne faut
pas s’enflammer, il faut garder du jus pour la suite. Le second ravito au Col
du Granon pointe son nez, je me ravitaille correctement mais sans perdre trop
de temps et repart à l’assaut des 25 derniers kilomètres.
Sur ma feuille de route, c’est ici que j’avais
décidé d’accélérer le tempo : tous les indicateurs étant au vert, je passe
alors à l’action et m’efforce à relancer sur ces crêtes à plus de 2600m
d’altitude. Coïncidence, un hélicoptère vient nous survoler pour faire des
images de la course au même moment. Cela me donne alors des ailes : je
suis en plein monde minéral, sur un single technique en crête avec une vue imprenable sur les vallées
environnantes et les Ecrins, et
l’hélicoptère joue entre nous et le relief pour faire des images au plus près.
J’ai alors l’impression d’être au championnat du monde de sky running, je
relance de plus en plus, presque à en oublier que je suis à 2600m d’altitude et
que le manque d’oxygène commence à se faire ressentir dans cet effort soutenu. J’en ai la chair de
poule, et apporte une réponse à la fameuse question que bien des personnes me
posent : « Mais pourquoi tu cours ? » Et bien voila tout
simplement pour ces moments uniques qui laissent des souvenirs intarissables.
Après ce petit moment d’euphorie et de pur bonheur,
je reviens à la dure réalité de la course pour aborder la dernière ascension de
la course. Les jambes commencent un peu à se raidir, je rencontre alors un
coureur, Cédric Golea, de Cadolive (comme quoi le monde est petit), et à qui je
montre le sommet de notre dernière bosse, le Grand Aréa. Je ne dis rien mais
cela me parait très loin et surtout très haut. Je prends sur moi et essaye une
fois de plus d’accélérer dans la première partie de la montée. Je monte à un bon rythme, croise une fois de
plus Julien et mes parents justes avant le dernier ravito.
Le moral est bon.
A la sortie du ravito se dresse ce grand Aréa qui
culmine à 2850m. Il reste 600mD+ et la pente est très raide avec des passages à
plus de 40%. Malgré les encouragements de Vincent Chautard sur la montée, je
commence à subir, le cardiaque est bon, mais j’ai les jambes qui tirent. Je
suis péniblement Cédric qui me distance peu à peu. Les effets de l’altitude
sont là, il fait chaud, mais les paysages restent dantesques et font
« presque » oublier cette montée sans fin qui se fait pas après pas.
Après 50 min je bascule enfin sur la descente finale. La encore les jambes sont
très dur mais je prends sur moi et descend au mieux. Vu les écarts, ma place me
semble acquise même si je ne sais pas trop combien je suis.
Quelques kilomètres avant l’arrivée, je pense alors
me la jouer cool, mais je croise Julien qui m’annonce un coureur à 300m devant
et me booste pour allonger la foulée. Je m’exécute et place une dernière
accélération pour ce final. Je double et ne relâche pas l’effort afin de créer
l’écart. Il ne s’accroche pas mais je continue sur ma lancée jusqu’à la ligne
d’arrivée que je franchie en 12ième place en 7h34 d’effort,
accueilli par Ludovic Collet, qui me gratifie d’une petite interview d’arrivée.
Un grand merci à Michel Lanne et toute son équipe
pour ce trail magique, qui m’a rappelé comme quoi ce sport permet de vivre des
moments magiques et intense. Bravo à ma coéquipière de Team Perrine qui m’a
indirectement mis la pression tout le long de la course en finissant à 30 min
derrière moi.
Sinon on peut dire que réglages sont bon pour aborder sereinement la Diagonale des Fous dans un peu plus d’un mois. Go !!!
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