Après avoir eu le malheur de "goûter", un peu par hasard, à la course à pied en 2008, je me suis découvert une passion pour ce sport qu'est le trail.
Un sport d'addiction, où chacun peut y trouver du plaisir, une motivation, des défis à relever.
Un sport qui permet de découvrir de nouvelles contrées, des paysages, des ambiances uniques, des personnages.
Un sport de partage, où les derniers côtoient les premiers, où l'on partage des valeurs.
J'ai longtemps hésité avant de créer ce blog, car loin de moi l'idée de me mettre en valeur (ceux qui me connaissent n'en douteront pas en instant), je tiens surtout ici à vous faire partager ma passion, au travers de mes récits de courses et des tranches de vie vécues depuis quelques années sur les sentiers...et pourquoi pas vous transmettre ce virus qu'est le trail et plus particulièrement l'ultra trail!



mardi 27 septembre 2016

Mission Ventoux : KV du Ventoux

En vue de peaufiner la préparation à la Diagonale des Fous, Perrine Scheiner et Julien Germain m’avaient proposé de les accompagner ce samedi pour une journée spéciale D+ avec au programme une sortie matinale de 4h à l’assaut du Ventoux suivi du Kilomètre Vertical du Ventoux (5,7km pour 1000D+) l’après midi.

Départ 8h avec mes 2 acolytes pour notre première montée de 1500D+ direction le sommet. Nous montons à un rythme ultra trail, le but étant d’accumuler du dénivelé. Nous sommes heureux d’être là, de profiter du lever du jour sur le Ventoux, balayé par un petit air frais. Arrivé au sommet, nous décidons d’enchainer et de redescendre sur la face nord pour nous rajouter 500 de D+ en remontant droit dans le pentu. Nous ne trainons pas une nouvelle fois au sommet car il fait frais mais surtout car nous avons un rendez vous à ne pas manquer en début d’après midi : le KV du Ventoux, histoire de se rajouter encore 1000D+ dans les jambes.

De retour sur Bedoin, nous prenons le temps de nous ravitailler pour remplir les batteries. Néanmoins, après cette sortie de 4h, et un bon pic-nic, je n’ai plus du tout envie de courir en me mettant dans le rouge surtout que comment vais je faire pour digérer une grosse salade de pates et un café 1h avant le départ.
Nous prenons cela à la rigolade, et n’attendons qu’une chose : voir comment nos organismes vont survivre à cet effort violent? Au pire nous marcherons, et tacherons de ne pas être hors temps.

Les départs sont donnés toutes les 20 secondes. Je suis le 23 à m’élancer sur un peloton de 72 coureurs.  Perrine et Julien partent 8 min après moi, je serai donc le cobaye du groupe.
Malgré ce manque de motivation, le simple fait d’accrocher mon dossard sur la poitrine me remet dans l’esprit « compétition ». Nous partons nous échauffer (même après les 4h de trail du matin) et je rentre peu à peu dans ma bulle. Je vais essayer de faire de mon mieux même si ce genre d’effort n’est pas ma spécialité et vu ma fatigue du matin. Je vais tester mon organisme, voir comment il réagit à cette « mauvaise » préparation.
20 secondes du départ, je me présente devant la ligne.
5, 4, 3, 2, 1, go !!! C’est parti, je cale mon rythme aux sensations, j’arrive à rester à 166 pulsations minutes, c’est impeccable. Je suis dans le rouge, mais pas à l’agonie. Il faut gérer car il faut tenir à ce rythme sur 5,7km.
La pente est régulière, je ne fait que doubler des coureurs partis avant moi : c’est bon pour le moral. Après 2km, le mollet commencent à piquer. Je décide alors de calmer un peu le jeu, et alterne marche et course en essayant toujours de garder une pulsation cardiaque dans les 160bpm. Toujours pas de fatigue ou de problème gastrique (malgré le repas que j’ai encore sur l’estomac). Après le 4km, la pente augmente, je marche de plus en plus mais essaye de rester dans le rouge et ne pas lâcher mentalement.  Je continue de doubler mes la montée semble de plus en plus longue. Dernier kilomètre, je décide de remettre une dernière accélération jusqu’au finish sauf que sur un KV, les mètres passent très lentement et j’ai l’impression de ne jamais arriver. Les 400 derniers mètres sont interminables et me force à courir.
Après 54min, je franchis la ligne, 1000m au dessus du départ, heureux : la journée est finie, mission accomplie !!!

La récompense, une 7ième place au scratch mais surtout ne magnifique journée entre amis, avec un maximum de dénivelé et un bon travail sur le mental avec ce KV à maintenir un effort soutenu.


Bravo également à Perrine (2ième feminine) et Julien (11ième) : We do the job and we love running !




mercredi 14 septembre 2016

Serre Che Trail Salomon : 50km de pure Montagne !

          En vue de peaufiner ma préparation au Grand Raid de la Réunion et casser un peu des fibres, le Serre Che Trail Salomon avait retenu mon attention de part son bon ratio distance/dénivelé avec  50km pour 3700D+.

Le départ matinal, à 6h00 du mat nous oblige à prendre les frontales et me permet là aussi de me conditionner pour le Grand Raid avec un départ de nuit. Un peu en mode ultra, et surtout vu le profil du parcours, je décide de partir tranquillement en gérant mon effort afin de tenter d’accélérer à partir de la seconde moitié de course.
Conformément à ma feuille de route je me positionne dans les 25 premiers, à l’économie dans cette première bosse de 1200 mètre de D+. Je n’hésite pas à marcher dès que la pente s’accentue et profite un maximum du lever de soleil sur le massif minéral qui se dresse face à nous.
J’aborde la première grande descente dans le même état d’esprit, où les premiers rayons de soleils jouent à cache-cache avec la montagne. Quelques coureurs me doublent, mais je reste zen. Je connais le parcours et je suis persuadé que cela va exploser devant, il faut s’économiser, la route est longue.

Je passe le premier ravito, encouragé par Julien qui attend impatiemment sa Gallinette Perrine. La seconde grosse bosse nous amène à plus de 2700m d’altitude, le paysage est toujours magnifique. Je distance alors quelques coureurs mais attend toujours de passer la mi-course pour tenter d’accélérer. Les sensations sont pourtant bonnes, mais il ne faut pas s’enflammer, il faut garder du jus pour la suite. Le second ravito au Col du Granon pointe son nez, je me ravitaille correctement mais sans perdre trop de temps et repart à l’assaut des 25 derniers kilomètres.
Sur ma feuille de route, c’est ici que j’avais décidé d’accélérer le tempo : tous les indicateurs étant au vert, je passe alors à l’action et m’efforce à relancer sur ces crêtes à plus de 2600m d’altitude. Coïncidence, un hélicoptère vient nous survoler pour faire des images de la course au même moment. Cela me donne alors des ailes : je suis en plein monde minéral, sur un single technique en  crête avec une vue imprenable sur les vallées environnantes et les Ecrins,  et l’hélicoptère joue entre nous et le relief pour faire des images au plus près. J’ai alors l’impression d’être au championnat du monde de sky running, je relance de plus en plus, presque à en oublier que je suis à 2600m d’altitude et que le manque d’oxygène commence à se faire ressentir dans  cet effort soutenu. J’en ai la chair de poule, et apporte une réponse à la fameuse question que bien des personnes me posent : « Mais pourquoi tu cours ? » Et bien voila tout simplement pour ces moments uniques qui laissent des souvenirs intarissables.

Après ce petit moment d’euphorie et de pur bonheur, je reviens à la dure réalité de la course pour aborder la dernière ascension de la course. Les jambes commencent un peu à se raidir, je rencontre alors un coureur, Cédric Golea, de Cadolive (comme quoi le monde est petit), et à qui je montre le sommet de notre dernière bosse, le Grand Aréa. Je ne dis rien mais cela me parait très loin et surtout très haut. Je prends sur moi et essaye une fois de plus d’accélérer dans la première partie de la montée.  Je monte à un bon rythme, croise une fois de plus Julien et mes parents justes avant le dernier ravito. 
Le moral est bon.







A la sortie du ravito se dresse ce grand Aréa qui culmine à 2850m. Il reste 600mD+ et la pente est très raide avec des passages à plus de 40%. Malgré les encouragements de Vincent Chautard sur la montée, je commence à subir, le cardiaque est bon, mais j’ai les jambes qui tirent. Je suis péniblement Cédric qui me distance peu à peu. Les effets de l’altitude sont là, il fait chaud, mais les paysages restent dantesques et font « presque » oublier cette montée sans fin qui se fait pas après pas. Après 50 min je bascule enfin sur la descente finale. La encore les jambes sont très dur mais je prends sur moi et descend au mieux. Vu les écarts, ma place me semble acquise même si je ne sais pas trop combien je suis.


Quelques kilomètres avant l’arrivée, je pense alors me la jouer cool, mais je croise Julien qui m’annonce un coureur à 300m devant et me booste pour allonger la foulée. Je m’exécute et place une dernière accélération pour ce final. Je double et ne relâche pas l’effort afin de créer l’écart. Il ne s’accroche pas mais je continue sur ma lancée jusqu’à la ligne d’arrivée que je franchie en 12ième place en 7h34 d’effort, accueilli par Ludovic Collet, qui me gratifie d’une petite interview d’arrivée.


Un grand merci à Michel Lanne et toute son équipe pour ce trail magique, qui m’a rappelé comme quoi ce sport permet de vivre des moments magiques et intense. Bravo à ma coéquipière de Team Perrine qui m’a indirectement mis la pression tout le long de la course en finissant à 30 min derrière moi.

Sinon on peut dire que réglages sont bon pour aborder sereinement la Diagonale des Fous dans un peu plus d’un mois. Go !!!