Après avoir eu le malheur de "goûter", un peu par hasard, à la course à pied en 2008, je me suis découvert une passion pour ce sport qu'est le trail.
Un sport d'addiction, où chacun peut y trouver du plaisir, une motivation, des défis à relever.
Un sport qui permet de découvrir de nouvelles contrées, des paysages, des ambiances uniques, des personnages.
Un sport de partage, où les derniers côtoient les premiers, où l'on partage des valeurs.
J'ai longtemps hésité avant de créer ce blog, car loin de moi l'idée de me mettre en valeur (ceux qui me connaissent n'en douteront pas en instant), je tiens surtout ici à vous faire partager ma passion, au travers de mes récits de courses et des tranches de vie vécues depuis quelques années sur les sentiers...et pourquoi pas vous transmettre ce virus qu'est le trail et plus particulièrement l'ultra trail!



dimanche 29 mai 2016

Le Beaver Trail de Poulx (30)

46 km pour 1500D+ ! Mais quelle idée d’aller courir ce trail de « routard » ? Tout simplement car le Beaver Trail traverse les collines qui m’ont vu grandir et qu’il est organisé par une petite équipe de bénévoles dynamiques et Eric Andréo qui me fait le plaisir de m’ y inviter chaque année.
 Je sais très bien que le parcours ne me correspond pas et que ca va partir  très vite avec les leaders du challenge des trails Gardois qui sont des habitués de ces profils et ici pour marquer des points.

Le départ est soutenu, je me fait discret et me contente de m’accrocher au peloton de 6 coureurs que nous sommes, lancés à plus de 15km/h. Sachant qu’il me sera impossible de tenir ce rythme sur 46km, je décide de lâcher un peu la tête de peloton pour faire ma course. Isolé à la 6ième place, je tente de toujours relancer pour ne pas perdre trop de temps et me contente ne faire que des pleins d’eau express sur les ravitos sans prendre le temps de gouter à la partie solide…bref il faut aller vite aujourd’hui. Je me surprends alors à passer le cap du semi marathon au bout de seulement 1h30 mais les jambes me le font savoir : Elles sont raides, ma hanche me fait mal et la fatigue est là.
30ième km, je n’ai pas encore marché un instant, ce n’est plus du trail ! Je souffre.
3h de course, nous y voilà, une montée comme je les aime, ambiance Madère avec de la boue, des grosses marches des racines sur 200 m de D+. Je me sent à l’aise, retrouve des sensations, prend du plaisir et ca se voit : je reviens comme un cabris sur le 5ième et m’échappe dans cette jungle. Seulement voilà, la suite est à nouveau roulante, je re-souffre et me refait doubler. Ce petit jeu se continue sur plusieurs km ou nous n’arrêtons pas de nous doubler, lui sur le plat, moi en cote. Bon esprit, nous échangeons quelques mots à chacune de nos entrevues sans que l’un d’entre nous ne se motive à tenter une accélération pour s’échapper : ambiance conviviale, esprit trail !
Il ne reste plus que 5km, nous avons achevé la dernière « grosse » montée, je suis donc quelques centaines de mètre devant mon compère mais  sait que cela ne sera pas suffisant pour garder ma place jusqu'à l’arrivée vu qu’il ne reste que des petites relances qui seront à son avantage.
En temps normal, mon caractère d’ultra traileur m’aurais fait dire que 5ieme ou 6ieme cela ne m’apportera rien de plus, surtout sur cette course sans enjeu pour moi.
 Mais aujourd’hui, depuis le départ, je me suis pris à cet exercice de vitesse, à survoler les ravitos, à tenter de ne pas perdre une minute, à me faire mal à courir vite, donc pourquoi finir cool et ne pas aller me prouver que je suis capable d’avoir la niaque, et tenter de me remettre dans le rouge sur ces 5 km. Non pas pour gagner une place, mais pour me prouver que j’en suis capable, me donner confiance en moi…
J’ai mal de partout, mais je creuse l’écart : je prends des risques dans les descentes, la montée d’adrénaline me fait accélérer dans les relances, j’allonge la foulée sur le plat.
4h30 de course, l’arrivé est là, j’ai réussi à me faire violence et creuser un bel écart: un moment de bonheur malgré la fatigue. Je reste alors à proximité de la ligne d’arrivée pour féliciter mon compère, Jonathan Delhom, qui me rejoint quelques minutes plus tard.
Je suis donc heureux de pouvoir monter une fois de plus sur ce podium du Beaver Trail pour cette 1iere place Senior (et 5ieme au scratch), sur une épreuve qui me tient réellement à cœur et sur laquelle j’ai pris beaucoup de plaisir à courir vite au final.



Bravo à Eric et son équipe pour l’organisation de ce trail au tracé magnifique dans les gorges du Gardon mais aussi à mon cousin et Jérome pour avoir terminé leur premier 46km.

Maintenant place à la récup (merci à BV Sport et Meltonic) afin d’enchainer le we prochain sur les 45km du Trail des Maures.