Après avoir eu le malheur de "goûter", un peu par hasard, à la course à pied en 2008, je me suis découvert une passion pour ce sport qu'est le trail.
Un sport d'addiction, où chacun peut y trouver du plaisir, une motivation, des défis à relever.
Un sport qui permet de découvrir de nouvelles contrées, des paysages, des ambiances uniques, des personnages.
Un sport de partage, où les derniers côtoient les premiers, où l'on partage des valeurs.
J'ai longtemps hésité avant de créer ce blog, car loin de moi l'idée de me mettre en valeur (ceux qui me connaissent n'en douteront pas en instant), je tiens surtout ici à vous faire partager ma passion, au travers de mes récits de courses et des tranches de vie vécues depuis quelques années sur les sentiers...et pourquoi pas vous transmettre ce virus qu'est le trail et plus particulièrement l'ultra trail!



jeudi 17 octobre 2019

Une Diagonale des Fous de l'interieur !

Même si l’on dit « jamais deux sans trois », c’est toujours avec un peu d’appréhension que l’on part courir la Diagonale des Fous. Cette année, je sais que mon entraînement n’a pas été optimal, mais un peu plus d’un mois après l’UTMB et avec mon expérience sur cette course, je sais que mon seul objectif est de devenir une fois de plus finisher et prendre un maximum de plaisir.
Les quelques jours avant la course sont consacrés à la préparation de la logistique car ce n’est jamais simple sur l’ile. On te dit
toujours que « ça va le faire, on trouvera une solution » mais on a toujours la crainte de se voir louper une assistance, ne pas se faire amener au départ. C’est au final ce qui fait aussi la magie de cette course, remplie d’à peut prêt.
Avec l’aide de notre ami Phil, nous rejoignons tant bien que mal et après quelques coups de téléphones de dernière minute la ligne de départ à 20h, avec Perrine et Julien avec qui je partage ces vacances et qui sont également inscrits sur la Diag. Cela nous laisse deux heures avant le départ. Comme d’habitude, la foule (toute l’ile) est venue acclamer les Fous pour départ de la course. Nous essayons de nous positionner au mieux pour partir juste derrière les élites. 
A quelques minutes du départ, quelques mots d’encouragements entre nous et voila qu’il est l’heure de partir. Go! Je fais quelques foulées seulement qu’une chute se produit devant moi. Avec la pression des 2500 coureurs derrière, impossible de résister et je mets un genou à terre car mon pied est bloqué. Le stress m’envahie par peur de me faire piétiner par la foule de traileurs. Je me releve  au plus vite pour fuir. Un rapide coup d’oeil autour de moi et je vois ma Pepe et mon Julien qui vont bien également. Ouf ! Après cette grosse montée d’adrénaline, j’essaie de me mettre dans la course et dans mon allure. Comme chaque année, les 8 premiers kilomètres se font avec une orde de spectateurs très dense, digne du tour de France. On ne voit pas les kilomètres passer. 
Premier ravito, je suis presque dans mes temps de passage des années passées. Tout va bien mais je sais qu’il va falloir que je ralentisse rapidement sous peine d’exploser plus tard avec mon entraînement plus « light » cette année. 
Peu avant le second ravito, nouvelle péripétie de course: en suivant le flot de coureurs, nous sommes victime d’une erreur de balisage (comme les 200 premiers de la course). Je perds alors une dizaine de minute mais relativise car la course sera longue. Devant c’est la panique générale car certains leaders comme Antoine Guillon ne sont pas encore passés et sont perdus. Mon assistance team DAF elle aussi est déboussolée car elle assure également l’assistance des leaders. Mais ils sont au top et s’occupent de moi comme des pros. 
Nous nous enfonçons peu à peu dans la nuit calme en s’approchant du volcan. Avec l’altitude le froid commence à m’envahir. Je me couvre et continue sur mon rythme. Je suis dans ma bulle, profite de la course et trouve mon rythme  pour arriver à la « Redoute coute que coute » comme disent les Réunionnais.
J’arrive à l’aube au ravitaillement de Mare à Boue. Je me pose sur une chaise pour manger un peu de riz et de poulet. Je vois alors Perrine qui débarque, elle aussi dans sa bulle, car malgré mes cris, elle ne m’entend pas. Je suis obligé de me lever pour lui taper sur l’épaule. Nous sommes heureux de nous voir. Elle est heureuse car en avance sur ses temps de passage. De mon coté, j’accumule du retard sur les miens, et  commence à broyer du noir. Je remets en cause beaucoup de chose, lié à mon manque d’entraînement, à mon envie de courir. le but de tout ça. Je lance même à Perrine qui me questionne sur mon état que « je veux arrêter la course à pied, car je ne trouve plus de sens ». N’empêche pour l’instant je suis là, et je me force à repartir avec Perrine et Manon qui nous a rejoint. On discute, un peu dans cette longue montée sur Coteau Kerveguen. Mais je sais que si je suis les filles dans les relances, je vais trop puiser et amputer mes chances d’arriver au bout. Sereinement et sans regret, je les laisse filer et reprends mon rythme de course, dans ma bulle, tout en gestion. 

Base vie de Cillaos, le jour est levé depuis quelques heures. Je récupère mon sac assistance et prends le temps de changer de chaussures, de tee-shirt, manger un plat de pâtes et décide de dormir 10 min sur la pelouse du stade, au frais. Je croise aussi un ami Poulxois, Sebastien et échange un peu avec lui. Le moral n’est pas au top. Je me pose beaucoup de questions sur la suite de l’aventure. Pourquoi continuer alors que je n’éprouve aucun plaisir. Ma seule motivation est pour l’instant de continuer pour profiter du cirque de Mafate. Pour la première fois de la course j’allume mon téléphone pour consulter mes messages afin de me remonter le moral. Laurie a essayée de me joindre car elle est au courant ( elles savent tout ces Galinettes) que je suis au fond du trou . Son message me touche  car elle me dit à juste titre que je n’ai rien d’autre à faire aujourd’hui et que j’ai beaucoup de chance d’être là et donc il faut que je continue même en mode randonnée pour en prendre plein les yeux dans Mafate. Ok, c’est vrai ! Je repars donc de Cillaos, pour continuer cette aventure que ce soit en 35h, 45h ou plus !

Il commence à faire chaud lorsque nous attaquons la montée du Taibit, qui va nous faire basculer dans Mafate. Une fois ce point franchi, impossible d’abandonner pendant plus de 40km. J’ai toujours le moral en berne malgré les paysages magnifiques. Je me pose énormément de questions. Une fois au niveau du col du Taibit, une vue imprenable sur le cirque de Mafate s’offre à nous. Je me pose sur un caillou et pense (trop) à la suite. Est ce que je continue, renonce ? Je ne sais plus quoi faire et manque de lucidité. Je sais que la seule personne qui peut alors m’aider à prendre la bonne décision à ce moment est Lisa. Je l’appelle et après seulement quelques minutes elle arrive à me convaincre ( ou m’oblige :-)) de continuer. A ce moment là, je sais alors que je serai finisher, quelque soit mon temps de course alors qu’il reste encore 90 kilomètres. 

A partir de ce point, j’abandonne l’idée de battre mes chronos passés, mon seul objectif n’est même pas de finir, car je suis sur que j’y arriverai, il est de partager avec les autres, vivre un grand raid de l’intérieur. Observer les coureurs, les motivations, échanger et partager avec eux sur nos expériences. Bref vivre une véritable aventure humaine.
Les ravitaillements s’enchainent. A chaque fois, je regarde sur mon téléphone les chronos que sont en train de réaliser Perrine et Julien. Je suis heureux pour eux. En courant, ou plutôt marchant, je discute avec un canadien qui me parle économie, un jeune réunionnais que je conseille car c’est son premier ultra, un breton qui s’est énormément investi pour cette course, un toulousain qui est l’idole de ses enfants…. Une autre course que celle dont j’ai l’habitude de courir en temps normal. Je profite mais essaie néanmoins de ne pas trop « m’endormir » et garder un petit rythme pour passer sous la barre des 45h de course. Je ne veux pas entamer une troisième nuit de course. 





La nuit tombe dans le cirque de Mafate. Afin de tenir correctement la seconde nuit, je décide de dormir 15 min au ravitaillement de Grand Place. Le ravito est équipé de lit de camp sous une tente, ce qui me permettra de dormir au chaud (car oui il fait froid la nuit). Après cette sieste, je suis bien et repars à un bon rythme. Les kilomètres défilent, je double pas mal de coureurs qui commencent à subir la course. Certains sont posés sur des rochers, d’autres dorment sur le bord du chemin ou sont emballés dans leur couverture de survie dans un coin des ravtios.
Le jour se lève et j’arrive à la seconde base vie à Ilet Savanah. Je suis en mode gestion pour à la fois remonter un peu au classement et ne pas « m’endormir » mais aussi pour profiter et assurer de boucler cette troisième Diagonale des Fous. Je me pose pour manger encore une fois du riz et du poulet, change une fois de plus de chaussettes et de tee-shirt. 
Je repars après une trentaine de minute. Je ne sais pas si le repas est mal passé, mais je suis dans le dur malgré mon rythme, je vois des étoiles et commence à avoir la nausée. Je me recentre sur ma course. Comme une fusée, un coureur me double en me gratifie d’une tape amical. C’est Lambert Santelli qui survole le trail du Bourbon. On échange quelques mots. Je le sens très serein avec son avance. Cela me fait énormément plaisir.

Peu à peu la nausée repart mais je ne suis pas au top de ma forme. je sers les dents. J’échange avec Lisa par téléphone pour me redonner un peu de courage. Les kilomètres défilent. A chaque ravito je prends des nouvelles de mes amis en tête de course, et Alice, la femme de Sebastien (mon collègue Poulxois) m’encourage car Sebastien n’est pas loin derrière. Ça remonte le moral tout ca. 

Il commence à faire très chaud sur ces sentiers peu arborés. Tout à coup, j’entend un coureur qui hurle « Y’a quelqu’un ? » Je lui réponds « oui » et l’attends. Dans son regard je le sens égaré. Il me dit que l’on tourne en rond et qu’il est déjà passé là 3 fois. Cela me surprends, je lui dit de me suivre. Au bout de 5 min, nous ne repassons pas du tout au même endroit et tout va bien, pas d’erreur de balisage. Je comprends alors qu’il devait être en pleine hallucination après 35h de course. Quant à moi, je suis surpris, et presque déçu de ne pas en avoir eut ! 
Avant dernier ravito, je sais que maintenant, hormis fracture ouverte, j’irai au bout. Je suis heureux et profite des derniers kilomètres. Je me paie le luxe de m’arrêter en haut de la dernière montée sur un caillou pour laisser mes jambes récupérer un peu afin de faire une belle dernière descente. Cette dernière se fait au train avec une dizaine de coureur. Ça descend vraiment tranquille. Au risque de passer pour celui qui joue le classement, je décide de doubler tout le monde et descends à fond les dernières kilomètres juste pour le plaisir ! J’ai la banane de voir que mes jambes réagissent encore bien en descente après 40h de course. 


42h30 de course, je pénètre dans le stade de la Délivrance à la Redoute. Je réalise alors que je viens de boucler ma troisième Diagonale des Fous ! Ludo Collet est sur la ligne, viens m’embrasser et échangeons quelques minutes sur cette expérience. Car oui,  cette fois ci pas de chrono, mais j’ai vécu quelque chose de vraiment different. Au contact des coureurs, à échanger, me retrouver avec moi même, réfléchir sur mes motivations, le sport…


Cette année, je serai peut-être un peu passé à coté de ma saison d’ultra mais j’aurai grandement appris d’un point de vu personnel et aussi dans l’approche de ce sport qui demande énormément de sacrifices personnels. 
Cette saison touche à sa fin, et je n’ai désormais qu’une seule envie, celle de retrouver mon niveau et revenir sur ce Grand Raid encore plus fort.
Un grand bravo à tous les Finishers, à Perrine et Julien pour leur superbes performances. 
Une grand merci à Phil, le breton local,  pour son aide logistique ainsi qu’à la Team DAF menée par Fabrice. 
Merci à mes amis, famille  pour leur soutien avant et pendant la course à plus de 9 000km de distance.
Merci à mon team EnduranceShop 13 pour sa confiance malgré une saison mitigée. 
Merci à mes ainés de Gardanne pour cette rééducation du LCA qui m’a permis de faire le doublé UTMB, Grand Raid.
Maintenant place à une fin de saison uniquement pour se faire plaisir et aborder sereinement la saison 2020 qui sera riche en nouveaux défis !


vendredi 30 août 2019

UTMB 2019...ou le plaisir de finir !


Quelle émotion de se retrouver une fois de plus sur cette ligne de départ de l’UTMB au milieu de 2500 coureurs et dans une ambiance hors norme en plein centre de Chamonix. C’est la troisième fois que j’ai la chance de vivre ce moment. Une fois pour boucler un mini UTMB sur un parcours de repli à cause de la neige qui s’était invitée sur le parcours, une autre fois pour m’arrêter après seulement 30 km à cause d’une cruralgie survenue quelques semaines avant le départ, et cette fois-ci, ou je sais que je ne suis pas assez préparé avec quelques kilos de trop ce qui m’empêche d’espérer un bon chrono. Mais la magie UTMB opère une fois de plus et j’attends le départ presque la larme à l’œil en ayant qu’un seul objectif, celui d’être finisher et prendre un maximum de plaisir.

Je retrouve sur la ligne mes amis d’Aix Athlé Samir et Romain ainsi que mon collègue de Team Cédric qui est plus que motivé pour cette course (bravo à lui d’ailleurs pour son magnifique chrono de 26h). Cédric nous incite à nous placer à côté de lui au plus près des Elite. Nous sommes quasiment sous l’arche de départ. Je sais que ça va partir très fort et qu’il va falloir se freiner pour ne pas se laisser entrainer dans l’euphorie et se griller dès les premiers km, surtout que je sais pertinemment que cette année je n’ai pas la condition physique pour. Le départ est donné et nous traversons Cham sous la clameur du public. C’est énorme. J’ai la chair de poule et pense à tout ce qui se joue pour moi sur cette course. A ce défi que je me suis fixé de finir quoi qu’il arrive.
Je me fie à mes sensations et me fixe un rythme de course me permettant de ne pas trop m’attarder sans non plus me griller. Je passe les Houches dans les 200ième et commence à me dire que je suis un peu trop rapide. Je croise alors plusieurs connaissances dans la montée. Dur de ne pas s’emballer dans ce cas-là. Je les salue, prends quelques secondes pour discuter et repart. Le passage sur St Gervais est très rapide mais commence à me freiner un peu. Je veux rester sage, la course sera longue.

La nuit tombe et étrangement, je suis très serein. En temps normal je me serais posé une foultitude de question : Ma frontale va-t-elle tenir tout la nuit ? Suis-je assez habillé ? Est-ce qu’il va faire froid ? Et là rien. Je ne me pose pas de question. Je suis sûr de moi, sûr de ma gestion de course. Je quitte le dernier ravito où mes parents sont là pour m’assister avant de m’enfoncer dans la nuit profonde jusqu’au petit matin où je les retrouverai à Courmayeur. Je franchie le mythique col du Bonhomme passe les Chapieux et repart vers le col de la Seigne. Même si mon objectif n’est pas le classement, je constate que je suis dans les 300ième et me fait doubler sans cesse. Le moral en prend un coup. Je commence à me démotiver : Qu’est-ce que je fais là ? Pourquoi courir si c’est pour finir loin de mes capacités ? Je n’ai qu’une envie c’est d’appeler Lisa pour avoir un peu de réconfort mais malheureusement je ne capte plus. Je marche donc dans l’inconnue, à la recherche du réseau…
Passé du côté Italien, je retrouve le réseau et me jette sur mon téléphone. Elle me raisonne et me recentre sur mon seul et unique objectif, celui de me prouver que je peux finir cet UTMB. Déjà 12 heures de course mais go ça continue.

Le soleil se lève sur le massif du Mont Blanc, je comprends alors pourquoi je suis là. Je suis heureux et fonce vers Courmayeur pour retrouver mon assistance. Un plaisir de se changer, manger un peu et échanger avec mes parents. Je ne suis pas encore à mi-course mais le moral est là et pars pour une nouvelle journée sur la partie du parcours que je connais.
Les kilomètres passent, je suis toujours dans les 300ième et me fais toujours doubler. Bis repetita, le moral reflanche pour le même motif. J’arrive à la Fouly en commençant à un peu subir la fatigue, normal j’ai fait 100km. Je suis également loin de mes temps de passage mais pour le coup j’ai déconnecté l’idée de performance et ne cours que pour être finisher que ce soit en 32, 38 ou 44 heures. Sorti du ravito, je commence à échanger avec un autre coureur. C’est la première fois de la course que je ressens le besoin de parler. Jusqu'à là j’étais dans ma bulle, à l’écoute de mon corps, et à la recherche d’un sens à tout çà. On discute, surtout qu’il vient de la Réunion, on relance et voilà comment je me retrouve en bas de Champex dans un rythme trop soutenu et rentre dans une grosse phase d’hypoglycemie. Je mange mais trop tard. Je sais que je vais devoir lutter, pas à pas durant 500m de D+ pour rejoindre le ravito.


J’arrive au ravito en mode survie. Je retrouve mon assistance ainsi que mon oncle et ma tante venus m’encourager et découvrir mon sport. Je suis un peu déçu de leur montrer cette facette de l’ultra, avec leur coureur qui est au fond du trou. Je prends alors le temps de bien me ravitailler avec un bol de riz, un peu de fromage et du pain et une bonne dose de crème de marron. Sachant que l’arrivée est encore loin et que je ne suis pas au top de ma forme, je me décide à aller dormir 10min. Juste le temps de m’assoupir que mon réveil sonne. Il est temps de repartir un peu plus frais. La micro sieste m’a fait du bien. Mon oncle et ma tente m’accompagnent sur quelques hectomètres à la sortie du ravito et cela me fait du bien. Me voilà alors de nouveau seul, à l’assaut de la Giète. Je monte péniblement. Je connais bien cette montée mais là elle me semble interminable. Je regarde ma montre et me dis que je n’arriverai pas à Cham avant le matin. Je mets ma frontale au sommet car je rentre dans ma seconde nuit qui va être longue. La descente vers le ravito de Trient ne m’économise pas. Je commence à souffrir des quadri et des articulations. Je n’arrive plus à courir en descente et alterne entre marche rapide et petite foulée. Je sers les dents mais suis dans le dur. Une fois de plus le moral rechute : Mais pourquoi je fais ça ? Quel est le but ?

J’arrive à Trient épuisé et démotivé. Je m’alimente, discute avec ma mère qui me soutient moralement. J’ai envie d’arrêter là. Je commence alors à lire tous les messages de soutien sur mon téléphone. Je pense à ceux qui me suivent et espèrent que je finisse, au fait qu’il y a un an jour pour jour mon kiné Stéphane m’autorisait a courir 10 min sur un tapis roulant après mon opération. Je me décide à appeler Lisa pour lui dire que je vaux arrêter. Elle sait alors trouver les mots pour relativiser et trouver au fond de moi le pourquoi je fais cet UTMB. Je lui dis que je vais dormir un peu et tacherai de repartir. Je raccroche et m’allonge 15 min sur un banc faute de lit. En quelques minutes je sombre. Ma mère me réveille 15 min après comme prévu et me dit que mon ami Philippe Deri vient juste d’arriver. Je savais qu’il était environ 30 min derrière moi depuis longtemps mais là c’est une aubaine. Ni une ni deux je fonce sur lui pour lui proposer de continuer ensemble. Lui aussi est atteint physiquement. Il est ravi de continuer avec moi. On embarque alors aussi avec nous Christophe, un coureur qui courait avec Philippe depuis un certain temps. Sorti du ravito, accompagné de mon ami, je ne ressens plus de douleur et mène une cadence d’enfer. Je me sens tout neuf, comme quoi le mental ! On chemine tout les 3 dans l’obscurité. L’ambiance et bonne, on discute mais peu à peu la douleur nous rappelle à l’ordre et nous fait serrer les dents.

Plus que 20 km avec l’ascension de la Tete au Vent. La montée nous est douloureuse et longue. J’acquiesce un énorme coup de barre et commence à m’endormir en marchant. Je propose alors à Philou de passer devant pour guider notre petit groupe afin de me réveiller. On est fatigué, normal il est 4h du matin et commençons à rire de nos états. Personnellement, je commence à avoir des hallucinations après deux nuits blanches. Cela me fait également rire. D’un coup mon téléphone sonne. Mes deux compères sautent alors sur l’occasion pour s’asseoir immédiatement pour faire une pause et me disent que j’ai tout mon temps pour discuter un peu. Je suis mort de rire.
Les kilomètres pour rejoindre le dernier ravito sont interminables. Nous sollicitons Christophe plus en forme pour qu’il parte seul car il va plus vite. Nous nous retrouvons alors à deux avec Philippe. Nous appréhendons tout les deux la dernière descente car nos quadri sont en vrac. Nous prenons quelques forces au dernier ravito et nous lançons sur l’ultime descente avec Cham en point de mire. On a mal mais on sert les dents et savons que plus rien ne nous empêchera de franchir l’arche d’arrivée. On souffre, on se soutient, on crie, mais la ville se fait proche. On rentre dans Chamonix les jambes lourdes. J’aperçois alors un très bon ami, Francois, qui me fait la surprise d’être là pour mon arrivée. Il court les derniers kilomètres avec nous. Cela me touche, et je suis aussi ému de partager cette « victoire » avec mon collègue de trail Philippe. Cela fait 37 heures que nous sommes parti et nous voilà de retour sur la place de l’amitié de Chamonix. L’arrivée est quasi déserte à 7h du matin, mais l’émotion est bien présente et je passe sous l’arche ou je fixe les 4 lettres inscrites à son sommet : U T M B ! Ca y est je l’ai enfin bouclé ce tour du massif du Mont Blanc !


Effectivement, je suis loin du chrono que j’aurai pu espérer, mais je suis extrêmement heureux et accompli de ne pas avoir craqué et devenir finisher malgré mon entrainement. Je suis heureux pour ma famille, Lisa, mes amis qui m’ont soutenu, mes kinés, mon team Endurance Shop qui me soutient mais surtout pour moi même. Je suis venu sur cet ultra pour relever un défi personnel. Je l’ai accompli et je sais définitivement répondre à cette question : Mais pourquoi je cours ?




  

dimanche 28 juillet 2019

Trail de Vars...dans le dur avec plaisir !


Après un début de saison sur les chapeaux de roues à enchainer quelques belles performances, l’ultra de Corse a marqué le début d’une période de transition de cette saison avec mon premier abandon depuis ma reprise. Peut-être le mélange d’une reprise trop rapide, de priorités différentes et d’un manque de motivation.
Pour repartir du bon pied et reprendre confiance, j’ai décidé de participer à la dernière minute, au Trail de Vars le 28 juillet dernier. Un trail que j’affectionne autant pour ses paysages que pour sa technicité liée à son très beau ratio distance, dénivelé avec 42km pour 3000 D+. La météo s’annonce capricieuse avec des pluies 


annoncées durant la matinée qui vont pousser les organisateurs à retarder le départ de plus d’une heure. Cela permet pour le coup de profiter un peu plus des amis la veille pour un bon repas d’avant course avec Laurie, Perrine, Julien et Berengère, que nous avons rejoint avec Lisa.
Après avoir récupéré les dossards le matin sous un temps bruineux et 8°C, nous patientons calmement au chaud dans la voiture l’heure fatidique du départ. J’ai alors l’impression d’être au mois de mars et appréhende les passages en altitude avec le froid, moi qui déteste ce type de temps. Allez on pose le cerveau et nous nous dirigeons sur la ligne de départ. Ça part assez vite et sachant que je ne suis pas au top de ma forme, je préfère partir à un rythme cool. Je me cale sur le tempo de Julien et le suis à distance sur la première bosse de 1200D+. Avec l’altitude, le froid, le vent et le brouillard, les conditions deviennent un peu extrêmes. Je me couvre et arrive à ne pas subir le climat hostile. Je prends même du plaisir dans ces conditions difficiles et me dis que cela forge mon mental pour l’UTMB.
On bascule alors dans la descente bientôt sous le soleil en vue du premier ravito. Je n’ai pas de grosses sensations mais je relativise et prends cette course comme une sortie d’entrainement montagne en vue de mes prochains objectifs. Je profite des ravitaillements, discute avec les bénévoles, les autres coureurs, les spectateurs…Aujourd’hui je perçois le trail d’un œil différent, plus tourné vers le partage et le plaisir d’être en montagne que par la performance et le dépassement de soi.

J’enchaine les kilomètres toujours dans le même état d’esprit, en mode « randonnée » même si ma condition du jour ne me permet pas d’aller beaucoup plus vite. Après une deuxième bosse sur les crêtes au-dessus de Vars, je rejoints le dernier ravitaillement où les Galinettes et Berengère me font une super assistance en se jetant sur mes flasques qu’elles remplissent en quelques secondes alors que dans ma tête je suis en mode rando. (Merci les filles !) J’en profite au passage pour leur demander des nouvelles de Julien qui se bat pour conserver sa 7ième place et Lisa qui est sur le petit parcours.
Je repars toujours cool pour affronter la dernière difficulté du jour avec les 1000D+ restant. La montée est longue et éprouvante mais je relativise et me dis que cela me fait un super entrainement pour l’UTMB. ‪Après 6H30‬ de course, je franchis l’arrivée à la 20ième place heureux d’en avoir terminé et d’avoir vécu une course sous un autre angle.
Merci à l’organisation pour cette superbe course. Merci à mon partenaire EnduranceShop13 pour son soutien malgré ce petit passage à vide, ainsi que Salomon, AZR, Suunto, Bluetens, Atlet et ArmyTek pour leurs équipements.
Maintenant direction la suite…Certes dans cette période de « transition » je reste réaliste et sais que je ne serai pas au top de ma condition physique pour l’UTMB (dans ce sport pas de place au bluff, on ne peut pas performer sans un entrainement sérieux). Mais j’ai retrouvé aujourd’hui le goût et la motivation de l’entrainement et du dépassement de soi. Cet UTMB me permettra de m’endurcir encore un peu plus en vue de mon nouvel objectif de cette saison 2019, le Grand Raid de la Réunion. Soyons fou !!! 

dimanche 2 juin 2019

Beaver trail....comme à la maison




En pleine préparation de l’Ultra Trail de Corse, quelle idée d’aller ce dimanche courir le Beaver Trail, un trail de 45km, rapide avec seulement 1600D+. Tout simplement car cette course se déroule dans le village où j’ai grandi, organisé par un ami et une équipe exceptionnelle de passionnés, et qu’Eric Andreo l’organisateur m’a fait l’honneur d’être le parrain de cette édition.
Heureux de faire découvrir ma garrigue natale aux amis Marseillais, j’arrive à embarquer avec moi Julien, Lisa et le Boss Patrice ! La veille de course, nous profitons avec Julien et Lisa d’un bon moment de convivialité chez mes parents qui nous accueillent et pousse le vis jusqu'à honorer le dieu Bacchus le temps d’un verre. C’est aussi ça le trail !
Le lendemain, on retrouve notre dernier compère Patrice pour l’échauffement. Juste le temps de s’encourager mutuellement que le départ est donné. Vu le profil du parcours, ca part très fort, nous sommes à 14km/h sur les sentiers. J’ai du mal à suivre le trio de tête et me contente d’accrocher le groupe de poursuivant. Très vite les écarts se creusent et reste dans mon petit groupe de coureurs. Je profite des paysages magnifiques que nous offre les Gorges du Gardon et retrouve la motivation à chaque fois qu’un bénévole m’encourage (c’est l’avantage d’être « un local » de la course et connaître une bonne partie des bénévoles J ). Je suis étonné que mon Patrice ne soit pas parti devant moi, mais au bout d’une demi heure de course je le vois revenir et me doubler. On échange quelques mots, j’essaye de le suivre mais sens que l’allure va être trop élevée pour moi, du moins à ce niveau de la course. Je me contente alors de suivre mon groupe.
Pas de place à la marche, il faut courir sur ce parcours mais je me fais plaisir dans ces singles tout en relance. Une belle partie de plaisir à courir vite pour rester au contact des premiers. Dans l’euphorie, je me permets même de me faire une belle chute sur un virage en épingle dans des gravillons. Une belle gamelle qui me vaut un bel hématome sur la hanche. J’ai mal et tremble un peu mais serre les dents pour continuer à envoyer fort en descente. Quelques kilomètres plus tard, un peu par manque de lucidité, je m’empale dans une branche, déchire mon maillot et repart avec une belle douleur à l’épaule. Puis voilà que je déchire mon short dans un buisson. Intérieurement je rigole et me dit que ce n’est pas mon jour et que je vais finir à poil à l’arrivée.
La chaleur commence à se faire ressentir et me rassure un peu car j’adore la chaleur et je sais que cela mettra peut être à mal ceux qui sont partis comme des fusées.  Mais le tracé est exigeant  mentalement avec de grandes lignes droites en faux plat montant. Je fais alors le vide dans ma tête pour oublier et avancer sans souffrir. Je pense alors à des choses qui me redonnent la force et notamment à  deux amies qui vivent des moments difficiles actuellement. Je fais ces kilomètres pour elles. Je me demande aussi si Lisa, qui est surement quelques kilomètres derrière va apprécier ces passages roulants. Bref, j’occupe mon esprit.
Au bout de 28km de course, je regarde un peu ma montre et constate que je ne fais que courir, à plus de 12km/h de moyenne et que nous n’avons fait que 600m de D+. Je commence à souffrir des articulations avec ce parcours trop roulant pour moi. Je sais néanmoins que la suite sera plus à mon avantage avec une fin de parcours plus technique. Je retrouve un peu des sensations et reprends du plaisir. Malheureusement, j’aperçois au loin mon Patrice en mode randonnée. Je reviens sur lui et le suis sur quelques kilomètres. Nous discutons un peu puis prends la décision de l’abandonner en lui disant que je parts pour voir s’il y a quelque chose à jouer devant. Je continue sur un bon rythme mais le fait de courir sans cesse commence à traumatiser mes quadriceps. Je suis également en manque d’eau et commence à me restreindre sans boire suffisamment. Verdict prévisible, la crampe qui menaçait me saisie et je suis obligé de m’arrêter 2 bonnes minutes afin de pouvoir repartir. Je vois alors Patrice qui repasse devant en m’encourageant pour repartir. Pas évident avec cette crampe mais peu à peu je repart et me dit qu’une course n’est jamais finie. Avec une petite foulée, je reprends peu à peu des forces et décide d’attaquer à fond sur la dernière grosse montée. Je reviens sur Patrice et l’encourage à me suivre, en vain, et fais abstraction de mes douleurs pour arriver le plus vite possible sachant que je suis dans mes temps prévisionnels de 4h30 de course. 4H31 de course, je franchi la ligne sans trop connaître mon classement. On m’apprends alors que je suis 7ième au général et vais monter sur la dernière marche du podium senior.

Une belle satisfaction au final sachant que je n’avais pas très bien préparé cette course. Une belle satisfaction également de voir que nous finissons en moins de 8 min avec mes deux compères Patrice et Julien qui sont 8 et 9 ième. Et une ultime satisfaction d’assister à la victoire de Lisa chez les féminines sur mon trail de cœur.
Un énorme merci à Eric, Isabelle et toute l’équipe organisatrice du Beaver Trail qui nous font chaque année rêver l’espace d’une journée sur un trail sans faille.
Merci à mon partenaire EnduranceShop 13, Salomon, Suunto, AZR, Bluetens, Atlet et Armytek.
Et en ce jour de date d’anniversaire de mon opération du LCA, un gros merci à Stephane, Mathieu et toute l’équipe de mes kinés de Gardanne pour cette rééducation express !
Maintenant place à un autre rêve depuis mon opération, l’ultra trail di Corsica le 4 juillet prochain!