En
pleine préparation de l’Ultra Trail de Corse, quelle idée d’aller ce dimanche
courir le Beaver Trail, un trail de 45km, rapide avec seulement 1600D+. Tout
simplement car cette course se déroule dans le village où j’ai grandi, organisé
par un ami et une équipe exceptionnelle de passionnés, et qu’Eric Andreo
l’organisateur m’a fait l’honneur d’être le parrain de cette édition.
Heureux
de faire découvrir ma garrigue natale aux amis Marseillais, j’arrive à
embarquer avec moi Julien, Lisa et le Boss Patrice ! La veille de course,
nous profitons avec Julien et Lisa d’un bon moment de convivialité chez mes
parents qui nous accueillent et pousse le vis jusqu'à honorer le dieu Bacchus
le temps d’un verre. C’est aussi ça le trail !
Le
lendemain, on retrouve notre dernier compère Patrice pour l’échauffement. Juste
le temps de s’encourager mutuellement que le départ est donné. Vu le profil du
parcours, ca part très fort, nous sommes à 14km/h sur les sentiers. J’ai du mal
à suivre le trio de tête et me contente d’accrocher le groupe de poursuivant.
Très vite les écarts se creusent et reste dans mon petit groupe de coureurs. Je
profite des paysages magnifiques que nous offre les Gorges du Gardon et
retrouve la motivation à chaque fois qu’un bénévole m’encourage (c’est
l’avantage d’être « un local » de la course et connaître une bonne
partie des bénévoles J
). Je suis étonné que mon Patrice ne soit pas parti devant moi, mais au bout
d’une demi heure de course je le vois revenir et me doubler. On échange
quelques mots, j’essaye de le suivre mais sens que l’allure va être trop élevée
pour moi, du moins à ce niveau de la course. Je me contente alors de suivre mon
groupe.
Pas
de place à la marche, il faut courir sur ce parcours mais je me fais plaisir
dans ces singles tout en relance. Une belle partie de plaisir à courir vite
pour rester au contact des premiers. Dans l’euphorie, je me permets même de me
faire une belle chute sur un virage en épingle dans des gravillons. Une belle
gamelle qui me vaut un bel hématome sur la hanche. J’ai mal et tremble un peu
mais serre les dents pour continuer à envoyer fort en descente. Quelques
kilomètres plus tard, un peu par manque de lucidité, je m’empale dans une
branche, déchire mon maillot et repart avec une belle douleur à l’épaule. Puis
voilà que je déchire mon short dans un buisson. Intérieurement je rigole et me
dit que ce n’est pas mon jour et que je vais finir à poil à l’arrivée.
La
chaleur commence à se faire ressentir et me rassure un peu car j’adore la
chaleur et je sais que cela mettra peut être à mal ceux qui sont partis comme
des fusées. Mais le tracé est
exigeant mentalement avec de grandes
lignes droites en faux plat montant. Je fais alors le vide dans ma tête pour
oublier et avancer sans souffrir. Je pense alors à des choses qui me redonnent
la force et notamment à deux amies qui
vivent des moments difficiles actuellement. Je fais ces kilomètres pour elles.
Je me demande aussi si Lisa, qui est surement quelques kilomètres derrière va
apprécier ces passages roulants. Bref, j’occupe mon esprit.
Au
bout de 28km de course, je regarde un peu ma montre et constate que je ne fais
que courir, à plus de 12km/h de moyenne et que nous n’avons fait que 600m de
D+. Je commence à souffrir des articulations avec ce parcours trop roulant pour
moi. Je sais néanmoins que la suite sera plus à mon avantage avec une fin de
parcours plus technique. Je retrouve un peu des sensations et reprends du
plaisir. Malheureusement, j’aperçois au loin mon Patrice en mode randonnée. Je
reviens sur lui et le suis sur quelques kilomètres. Nous discutons un peu puis
prends la décision de l’abandonner en lui disant que je parts pour voir s’il y
a quelque chose à jouer devant. Je continue sur un bon rythme mais le fait de courir
sans cesse commence à traumatiser mes quadriceps. Je suis également en manque
d’eau et commence à me restreindre sans boire suffisamment. Verdict prévisible,
la crampe qui menaçait me saisie et je suis obligé de m’arrêter 2 bonnes
minutes afin de pouvoir repartir. Je vois alors Patrice qui repasse devant en
m’encourageant pour repartir. Pas évident avec cette crampe mais peu à peu je
repart et me dit qu’une course n’est jamais finie. Avec une petite foulée, je
reprends peu à peu des forces et décide d’attaquer à fond sur la dernière
grosse montée. Je reviens sur Patrice et l’encourage à me suivre, en vain, et
fais abstraction de mes douleurs pour arriver le plus vite possible sachant que
je suis dans mes temps prévisionnels de 4h30 de course. 4H31 de course, je
franchi la ligne sans trop connaître mon classement. On m’apprends alors que je
suis 7ième au général et vais monter sur la dernière marche du
podium senior.
Une
belle satisfaction au final sachant que je n’avais pas très bien préparé cette
course. Une belle satisfaction également de voir que nous finissons en moins de
8 min avec mes deux compères Patrice et Julien qui sont 8 et 9 ième. Et une
ultime satisfaction d’assister à la victoire de Lisa chez les féminines sur mon
trail de cœur.
Un
énorme merci à Eric, Isabelle et toute l’équipe organisatrice du Beaver Trail
qui nous font chaque année rêver l’espace d’une journée sur un trail sans
faille.
Merci
à mon partenaire EnduranceShop 13, Salomon, Suunto, AZR, Bluetens, Atlet et
Armytek.
Et
en ce jour de date d’anniversaire de mon opération du LCA, un gros merci à
Stephane, Mathieu et toute l’équipe de mes kinés de Gardanne pour cette
rééducation express !
Maintenant
place à un autre rêve depuis mon opération, l’ultra trail di Corsica le 4
juillet prochain!